"Si je n'étais pas allé sur place...": il loue son logement, les vacanciers tentent de le squatter

Qui dit vacances, dit location de courte durée et souvent de "particulier à particulier" via des plateformes de locations saisonnières. En 2024, à Paris, il y avait près de 46 logements sur l'application pour 1000 habitants soit environ 90.000, selon Statista. Un nombre qui ne cesse de croître partout en France.
Et pourtant, ce n'est pas sans risques pour les propriétaires. Depuis quelques années une nouvelle pratique émerge sur les plateformes. Des individus réservent pour quelques nuits, puis, refusent de rendre les clefs, changent parfois les serrures. La location devient finalement un squat. Problème: il n'y a pas eu d'infraction, ce qui complique l'expulsion des nouveaux occupants.
À Douai (Nord), un propriétaire qui louait l'un de ses biens a réussi à interpeller un groupe de jeunes qui ont tout tenté pour rester dans l'appartement, sans payer. Une altercation qu'Olivier, propriétaire de plusieurs appartements en location a filmé: "Vous n'êtes pas très honnêtes", peut-on l'entendre lancer à un jeune couple.
"Tout s'est passé normalement le premier jour"
"On a réservé hier", lui rétorque la jeune fille. Problème, ce n'est pas vraiment le cas, la réservation était pour une seule nuit. "Tout s'est passé normalement le premier jour puis, elle m'a demandé de revenir dans l'appartement parce qu'elle avait oublié des affaires. Puis elle m'a demandé de rester parce qu'elle avait son train plus tard".
Olivier accepte, pensant qu'elle quitterait les lieux en fin de journée avec ses amis. Mais le lendemain surprise, sa femme de ménage l'informe que le logement est toujours occupé: "Si je n'étais pas allé voir sur place, ils seraient restés dans l'appartement et ça aurait pu continuer comme ça longtemps", assure Olivier.
Des expulsions difficiles
Souvent, le squat nécessite l'intervention des forces de l'ordre: "Il faut déposer plainte, faire parler le locataire et justifier du titre de propriété", explique l'avocate Maître Derhy, spécialiste en droit immobilier et en location saisonnière. Et tout dépendra à la fin du Préfet "qui dans 8 cas sur 10 n'interviendra pas", tacle-t-elle.
"Tant qu'il n'y a pas de voie de fait, il ne veut pas intervenir", ajoute l'avocate. Sans voie de fait, c'est-à-dire sans infraction. Alors pour prévenir des risques, elle conseille aux propriétaires de passer par des professionnels, de prêter plus attention au profil des locataires et de leur notation, ou encore d'être présent pour l'accueil des clients.