Sœur Hélène: "Un terroriste me dit 'nous aussi on prie pour la paix'"
Soeur Hélène a été retenue en otage jusqu'au bout. Cette religieuse de 83 ans assistait à la messe à Saint-Etienne-du-Rouvray mardi lorsque Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean sont entrés dans l'église. Malgré la peur et l'assassinat du père Jacques Hamel sous ses yeux, sœur Hélène a réussi à garder son calme. "Je ne voulais pas les irriter ou les mettre en colère. Eux ils étaient nerveux donc je restais calme", raconte-t-elle à RMC trois jours après le drame. Dans cette situation de tension extrême, sœur Hélène a malgré tout pu discuter avec ses preneurs d'otages. Une amorce de dialogue avec pour thème la religion.
"Ils m'ont posé des questions, ils m'ont dit: 'vous connaissez le Coran?' J'ai dit oui, j'ai déjà eu le Coran entre les mains, j'ai déjà lu des sourates. Ce qui me frappait c'est qu'on parlait surtout de paix. Il me dit 'nous aussi on prie pour la paix'", se souvient-elle.
Gardant toujours son calme, la religieuse de 83 ans hésite à le contredire. "J'ai failli lui dire ce n'est pas ce que vous faites, mais je n'ai pas osé, pour ne pas l'irriter", poursuit-elle.
"Ils étaient endoctrinés"
Face à elle et aux autres otages, les terroristes poursuivent leur discours radicalisé, soutenant à la religieuse que "juifs", "protestants" et "catholiques" sont "dans l'erreur".
"Ils étaient endoctrinés", constate simplement sœur Hélène. "Ils se parlaient entre eux, ils récitaient je ne sais quoi entre eux. Ils ont chanté aussi un peu, ils étaient vraiment radicalisés".
Mardi dans l'église, les deux assaillants ont en effet affiché leur détermination face aux otages, leur distillant leur propagande. Conscient de la médiatisation qu'aurait leur acte, les terroristes se sont adressés à sœur Hélène, l'incitant à prévenir les "gouvernants" que les attentats ne cesseraient pas "tant qu'ils bombarderont en Syrie". Un message qu'a transmis la religieuse à François Hollande après l'attentat: "Il est venu vers nous et je lui ai dit. Il était accablé lui aussi, je le plains..."
Malgré le traumatisme, sœur Hélène ne juge pas les terroristes, qu'elle voit comme "des pauvres gamins" qui "ne savent pas ce qu'ils font". Depuis les attentats, la religieuse se repose avec ses autres sœurs fatiguées, encadrées par la communauté et suivies par une cellule d'aide psychologique.