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"Très heureux de les récupérer": comment 3 militaires français ont sauvé 2 alpinistes dans l'Himalaya

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Le 3 octobre dernier, trois militaires français se préparent à gravir l'Himalaya, lorsqu'ils apprennent que deux alpinistes sont piégées à 6.000m d'altitude. Changement de programme, ils décident de transformer leur ascension en opération sauvetage. Jacques-Olivier, lieutenant colonel, est revenu ce dimanche sur RMC sur les détails de cette aventure.

Nous sommes le 3 octobre. Le lieutenant-colonel Jacques-Olivier, le sergent Vivien et le chasseur alpin Clovis se préparent à gravir l'Himalaya et plus particulièrement la face Chaukhamba III, en Inde. Ils font partie du Groupe militaire de haute montagne de Chamonix, ce sont donc des alpinistes chevronnés.

C'est ce jour-là qu'ils prennent connaissance de l'appel au secours lancé par deux alpinistes, la Britannique Fay Manners et l’Américaine Michelle Dvorak. Celles-ci sont piégées à plus de 6.000m d'altitude.

Le lieutenant-colonel Jacques-Olivier a raconté, ce dimanche sur RMC, comment leur programme alpin s'est transformé, à la dernière minute, en opération sauvetage. "Quand on reçoit l'appel, on préparait nos sacs. On a transformé notre tentative de gravir le sommet pour aller les aider à redescendre", se remémore-t-il.

"On s'est demandé si on était capable d'intervenir"

Malgré leur expérience, les trois hommes ne se précipitent cependant pas tête baissée. "Au contraire, on est des militaires, on sait ce que c'est d'intervenir en milieu dangereux", explique-t-il au micro d'Anaïs Matin, mais "on s'est demandé si on était capable d'intervenir et si on n'allait pas créer un suraccident en allant nous-même là-bas".

"Quand on intervient en montagne, il y a des risques incompressibles qu'il faut accepter." Après évaluation des risques, et "parce qu'on avait préparé cette ascension depuis plusieurs mois et qu'on connaissait les itinéraires d'approche", les trois hommes décident de partir secourir les deux alpinistes.

Première difficulté, le réchauffement de la température, qui complique leur accès au pic, "à cause des chutes de pierres et de glace", se souvient Jacques-Olivier, qui, malgré tout l'assure: "Tout s'est bien passé en s'organisant correctement."

"C'est le soir, à 21h, lorsqu'on a leur a fait à manger et donné de l'eau qu'on était enfin rassurés", confie le militaire.

Le 4 octobre au soir, les trois militaires établissent un premier contact visuel avec les deux alpinistes, avec leurs lampes torches, ce qui permet une localisation précise de leur emplacement. Pour l'anecdote, Jacques-Olivier explique qu'elles n'avaient pas forcément conscience que les trois hommes venaient les secourir, "n'ayant pas de contact radio avec elles".

"On les a récupérées le 5 octobre en milieu d'après-midi. On les a entendues crier SOS pendant qu'elles commençaient à redescendre." détaille le lieutenant-colonel. Elles se sont décidées à partir car "elles se sont rendues compte qu'un hélicoptère ne pourrait" pas venir" sur place.

L'invité du jour : Jacques-Olivier - 27/10
L'invité du jour : Jacques-Olivier - 27/10
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"C'est au moment qu'on a fait la jonction qu'elles ont réalisé qu'on ne venait pas faire le sommet mais qu'on venait bien les chercher". "On a été très heureux et soulagés de les récupérer, on est restés bien concentrés vers le camp de base avancé qu'on avait monté la veille", se souvient le militaire.

Une chute de pierre à fait perdre aux alpinistes tout leur matériel

Mais comment les alpinistes se sont-elles retrouvées ainsi piégées à plus de 6.000m d'altitude? "Elles étaient engagées depuis plusieurs jours sur la montagne lorsqu'une chute de pierre a sectionné la corde du sac qui contenait tout leur matériel", explique Jacques-Olivier.

"Elles se sont retrouvées sans rien avec un seul sac de couchage pour deux, sans réchaud et sans équipement technique. Quand on se retrouve dans cette configuration, en plein milieu de l'Himalaya, si on n'a pas le matériel adéquat, ça peut vite tourner au cauchemar", rappelle le militaire.

"On est très heureux, on est cinq alpinistes à être rentrés à la maison et en bonne santé. Pour une fois qu'un secours en alpinisme se termine bien, c'est une grande joie et fierté pour l'armée de terre d'y avoir participé."

Sont-ils restés en contact depuis? Pas encore mais les retrouvailles sont pour bientôt, assure Jacques-Olivier. " Fay nous offre normalement le restaurant, on devrait se retrouver autour d'un bon gueuleton", rigole-t-il en conclusion de cette belle histoire.

Léo Manson