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Faut-il faire payer l’intervention des secours à ceux qui prennent de risques en mer et à la montagne?

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Face aux comportements à risque à la montagne ou en mer, certaines voix plaident pour faire payer l'intervention des secours aux imprudents.

Un drame évité de peu. Alors que la foule était au rendez-vous ce week-end à Saint-Malo pour admirer le spectacle qu'offrent les grandes marées, une vague est venue faucher les badauds. Par chance, aucune personne n’a été blessée.

Ce n'est pas la première fois que cela arrive. C'est presque une tradition annuelle pour les grandes marées, et il y a 9 ans, c'est une présentatrice météo de BFMTV qui avait été fauchée en plein direct avec son caméraman à Saint-Malo déjà.

Mardi dernier, deux personnes se sont faites coincées par la marée à Étretat (Seine-Maritime) à l'entrée du Trou à l'homme. Dix-sept pompiers ont dû intervenir dont l'équipe spécialisée en sauvetage aquatique pour aller les chercher en bateau.

Parfois malheureusement, l'issue est tragique. Il y a une dizaine d'années, c'est un couple qui avait bravé un interdit à Biarritz, descendant un escalier menant au Cap Saint-Martin avant d'être emporté par une vague. Une femme de 28 ans avait perdu la vie.

"Magnifique mais dangereux"

L'année dernière, le préfet maritime de la Manche avait fait part de sa colère après un week-end de la Pentecôte marqué par 28 sauvetages en mer. "La mer, c’est magnifique mais c’est dangereux", avait-il déclaré. "Il y a des comportements pas suicidaires, mais pas loin. J’appelle tout le monde à être proactif, à être responsable".

Pour dissuader les comportements à risque, on s'interroge ce lundi sur le plateau d'Estelle Midi: faut-il faire payer aux imprudents la facture de l'intervention des secours? "Evidemment" juge Marina qui vit à Saint-Malo: "La municipalité met tout en œuvre pour protéger la population et les touristes. Il faut aller en hauteur sur les remparts pour avoir une meilleure vue et être en sécurité", conseille-t-elle.

"Après ce sont nos gars qui partent en mer pour des abrutis qui veulent faire de belles photos et c’est l’Etat qui paie pour des irresponsables", ajoute-t-elle évoquant un sujet qui revient à chaque équinoxe quand les grandes marées surgissent.

30 euros la minute d'hélicoptère

Et combien faudrait-il faire payer ? "Les 1500 euros minimums de l’hélicoptère ou du bateau", assure Nicolas qui vit les grandes marées depuis la pointe du Finistère où il vit. Car le sauvetage coûte cher: une minute en hélicoptère pour un hélitreuillage revient à 30 euros.

Sauveteur de la SNSM (Société nationale des sauveteurs en mer) pendant 20 ans, Manu a vu des choses folles dans sa carrière: "Systématiquement on prend des risques même si ça fait partie du job. Après on retrouve un bateau vide, des corps 3 jours après et il faut annoncer ça à la famille", se souvient-il sur RMC et RMC Story.

Secours en mer : faut-il faire payer ceux qui prennent des risques ? - 21/10
Secours en mer : faut-il faire payer ceux qui prennent des risques ? - 21/10
21:08

"Dans ma zone de compétence, on allait jusque dans la baie du Mont-Saint Michel où la marée monte à une vitesse folle. Pour anticiper les comportements, on faisait du pick and go en hélicoptère, on attrapait les imprudents et on les posait au sec", raconte Manu.

Secouriste en haute montagne, Pascal se dit lui attaché à la gratuité des secours: "Sur 1000 interventions en 30 ans, je ne sais pas si j’ai fait 5 interventions avec des personnes vraiment irresponsables". "On est dans des milieux hostiles où l’erreur est humaine. y a moyen de faire payer la personne. Il faut faire confiance aux enquêteurs qui peuvent faire le distingo entre les erreurs et ceux qui ont abusé". assure-t-il.

G.D.