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"Un choc d'autorité": Eric Ciotti veut rendre public le nom des consommateurs de drogue récidivistes

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Le député LR Eric Ciotti veut un "choc d'autorité" en France. Pour y parvenir, il a présenté 25 propositions notamment celle de rendre publics les noms des consommateurs de drogue récidivistes.

Contre le trafic de drogue et la délinquance, Eric Ciotti a un plan de bataille. Le député des Alpes-Maritimes a accordé une interview au "JDD", dans laquelle il réclame un "choc d’autorité sévère" grâce à 25 mesures pour "une véritable révolution en matière de sécurité".

Au menu de cette révolution notamment, Eric Ciotti veut rendre publics les noms des consommateurs de cannabis. Un fumeur récidiviste, condamné plusieurs fois pour consommation de stupéfiants pourrait ainsi voir sa peine publiée en ligne.

Une idée inspirée du fameux "name and shame" anglo-saxon qu'on pourrait traduire par "nommer pour faire honte" et qui est couramment utilisée dans le monde de l'entreprise pour désigner par exemple une société qui n'honore pas ses délais de paiement ou ne respecte pas les règles d'hygiène.

La DGCCRF, la répression des fraudes l'utilise couramment pour informer les clients, mais c'est encore complètement illégal concernant les personnes physiques. Cette proposition, de publier en ligne les peines de consommateur de drogues pris pour récidive, a été explorée l'année dernière au Royaume-Uni, par le parti travailliste, mais la proposition n'avait pas abouti, faute de soutien suffisant.

Rendre public le nom des consommateurs de drogue : bonne ou mauvaise idée ? - 06/05
Rendre public le nom des consommateurs de drogue : bonne ou mauvaise idée ? - 06/05
20:52

"C'est l'idée à la con qui ne sert à rien"

"Si LR veut plus de députés, il va falloir trouver d'autres idées", tacle ce lundi sur le plateau de RMC et RMC Story Fred Hermel. "Le name & shame déjà c'est l'américanisation du pays et surtout ça montre que finalement, on ne peut pas lutter contre les trafiquants qui ont investi notre pays. C'est l'idée à la con qui ne sert à rien et n'est pas applicable", ajoute-t-il très remonté.

"C'est une proposition complètement inadaptée", juge sur le plateau d'Estelle Midi Nassim, avocat en Seine-Saint-Denis. "Ce qui est proposé c'est que le nom des consommateurs soit divulgué et en général, les consommateurs ne sont que très rarement condamnés", note-t-il.

"La seconde difficulté, c'est que la consommation de produits stupéfiants, à part peut-être le cannabis, n'est pas une consommation récréative mais addictive. Cela ne viendrait à l'esprit de personne de diffuser les noms de certains qui seraient addicts à l'alcool ou la cigarette qui sont aussi des substances addictives", ajoute l'avocat.

"Ce n'est pas l'idée de l'année", abonde Rudy Manna, porte-parole du syndicat Alliance Police nationale. "Ça ne va rien apporter, ça ne nous sera pas utile en tant que policier", ajoute le fonctionnaire qui déplore que ce soit cette proposition d'Eric Ciotti qui soit retenue.

Le gouvernement veut viser les consommateurs de cannabis

D'après Eric Ciotti, "chaque jour en France, 1.000 personnes sont victimes de coups et blessures volontaires" soit "un quasi-doublement depuis 2012" et "des quartiers entiers sont devenus des zones de non-droit livrées aux narcotrafiquants". Pour inverser la tendance, le député LR préconise outre le "name and shame", un abaissement de la majorité pénale à 16 ans, la suppression de l’excuse de minorité, la suppression des allocations familiales aux "parents qui manquent à leurs devoirs d’éducation", le rétablissement de la double pleine, la mise en place de courtes peines et le retour des peines plancher.

La proposition d'Eric Ciotti de rendre publics les noms d'usagers de drogue, s'inscrit dans la continuité du virage observé par le gouvernement qui vise régulièrement les consommateurs de drogues, notamment de cannabis. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait récemment annoncé récemment vouloir "attaquer les consommateurs jusque chez eux". Dans la foulée, c'est le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti qui avait estimé que le "pétard du samedi", avait "le goût du sang séché sur les trottoirs".

Alfred Aurenche avec Guillaume Dussourt