Violente agression du jeune Yuriy en 2021: huit personnes devant la cour d'assises des mineurs

Yuriy, collégien français né en Ukraine qui s'apprêtait à fêter ses 15 ans, avait été roué de coups le 15 janvier 2021 sur la dalle de Beaugrenelle, le toit aménagé d'un centre commercial du XVe arrondissement de Paris.
La vidéo de son agression, devenue virale, avait suscité le vif émoi de célébrités, tels l'acteur Omar Sy et le footballeur Antoine Griezmann, et jusqu'au sommet de l'État.
Agressé à coups de pieds, de béquilles et de marteau
Ces images, d'une vingtaine de secondes, montrent une dizaine de jeunes s'acharner à coups de pieds, de béquilles et de marteau sur Yuriy, alors au sol, avant de l'abandonner sur la dalle.
L'agression, qui avait duré plusieurs minutes, avait été stoppée par les cris d'un homme à sa fenêtre. Yuriy avait été transporté à l'hôpital dans un état grave, son pronostic vital engagé.
Devant la cour d'assises des mineurs de Paris, huit mis en cause qui avaient au moins 16 ans lors des faits - six mineurs et deux majeurs de 18 ans à l'époque - doivent à présent s'expliquer, jusqu'au 22 décembre, à huis clos.
Un treizième jeune, initialement renvoyé devant cette cour, a bénéficié d'un non-lieu en appel, en décembre 2022, faute de "charges suffisantes".
Selfies avec des armes
Selon les investigations, ce déchaînement de violences serait "un acte de vengeance" en réponse à l'agression d'un autre jeune lors d'une précédente rixe, cinq jours plus tôt, à proximité de la dalle de Beaugrenelle. Le demi-frère et le cousin de ce dernier figurent parmi les adolescents mis en cause pour le passage à tabac de Yuriy.
Les enquêteurs les soupçonnent d'avoir fait partie de deux bandes rivales, celle du "plateau de Vanves", commune jouxtant le XVe arrondissement de Paris, et celle surnommée "RD4" pour la "rue des 4 Frères Peignot", près du centre commercial de Beaugrenelle.
Yuriy s'était défendu d'appartenir à une "bande", expliquant qu'il existait bien un "groupe RD4" dont les membres étaient ses amis. Le jour de son lynchage, il avait un tournevis dans sa poche, pour se prémunir de "possibles représailles".
S'il admettait avoir été présent lors de la première agression, cinq jours avant la sienne, il assurait ne pas y avoir participé. Entendu comme témoin, il "n'a jamais été mis en cause" dans ce dossier, avait souligné son avocat, Francis Szpiner.
D'après les éléments de l'enquête, la "descente" sur la dalle de Beaugrenelle le 15 janvier 2021 s'était organisée sur les réseaux sociaux. Avant et après le passage à tabac de Yuriy, certains membres de la bande avaient fait des selfies, exhibant des armes ou écrivant pour l'un d'eux comme commentaires "le taf est fini", "je lèche son sang".
Une tentative de meurtre ?
Les mis en cause qui ont fini par reconnaître avoir asséné des coups se sont toujours défendus d'avoir eu la volonté de tuer Yuriy.
Parmi les huit jeunes renvoyés devant les assises des mineurs, aujourd'hui tous majeurs, six le sont pour tentative de meurtre, un pour complicité et un pour participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre des violences.
Celui que l'instruction désigne comme le plus impliqué, accusé d'avoir porté des coups de marteau sur la tête de l'adolescent, "expliquera son comportement devant les juges", a indiqué à l'AFP son avocat, Yassine Bouzrou.
Yuriy et sa mère, parties civiles au procès, veulent eux "que la cour d'assises juge ces faits pour ce qu'ils sont: une tentative de meurtre", a souligné leur avocat, Francis Szpiner.
Après le procès devant le tribunal pour enfants, il avait évoqué leurs "regrets" face aux "mensonges" entendus selon eux lors de l'audience, alors qu'ils souhaitaient "comprendre comment un tel déchaînement de violences, un tel acharnement, a pu se produire".