Faut-il réformer la protection policière des VIP de la République? "Ils sont parfois utilisés comme porte-serviette"

Edouard Balladur et son officier de sécurité - ALEXANDER KLEIN / AFP
René Dosière était député de l'Aisne, apparenté PS, jusqu'en 2017. Il a publié L'Argent caché de l'Etat (2012), une plongée dans le train de vie de l'Etat.
"Quand on est un ancien président de la République ou ministre de l'Intérieur ou de la Défense, qu'on a connu des conflits, cette protection policière est nécessaire pendant un certain temps, même quand ils ont cessé leur activité, mais sans non plus rester à vie.
"Il y a quelques dérives possibles"
Certains responsables continuent au fil du temps à bénéficier d'une protection policière plus rapprochée, moins nombreuse, et il y a quelques dérives possibles. Ils sont tellement habitués à l'avoir avec eux qu'ils l'utilisent quelques fois comme un porte-serviette.
Dès lors qu'il a obtenu une protection, l'intéressé s'efforce de la garder le plus longtemps possible. Si ce n'est pas toujours justifié au fil du temps, qu'il n'y a plus vraiment de menace, alors le policier chargé de vous protéger devient une personne familière. Il vous accompagne partout, vous finissez par avoir des rapports très personnels, plus étroits, et il peut y avoir la tentation de lui faire faire vos courses.
"Il faut limiter ce dispositif dans le temps"
Il faudrait limiter ce dispositif dans le temps. Nous avons cherché à le réformer. On a mis en place un filtre, une commission auprès du ministère de l'Intérieur qui trie les demandes. Mais ceux qui demandent une protection sont souvent des gens connus, industriels, responsables politiques, gens du spectacle…
On devrait naturellement évaluer ce système pour voir s'il y a des abus et s'il est efficace. Il faut régulièrement le réexaminer, l'évaluer pour qu'il soit modifié suivant les circonstances. Je ne sais pas s'il y a toujours une rigueur extrême. On ne sait même pas très bien combien de policiers sont affectés (400 d'après Le Parisien, ndlr). Est-ce vraiment efficace?
Un fonctionnaire de police en protection rapproché coûte au moins 70.000 euros par an, charges salariales et patronales comprises, sur le budget du ministère de l'Intérieur. Au bout d'un certain temps, cette protection n'est plus nécessaire. L'avoir à vie serait excessif. Cela persiste par habitude, par commodité, peut-être que les policiers eux-mêmes trouvent ça plus intéressant qu'un autre travail. Mais au bout d'un certain temps, quand vous quittez la vie politique active, au bout de 20 ans, qui vous connaît encore?"