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"Il m’a envoyé la photo de son sexe": des accusations de harcèlement sexuel à la Brink's, une enquête ouverte

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L’équipe de "RMC s’engage avec vous" enquête depuis plusieurs mois sur une affaire de harcèlement sexuel au sein de la filiale française de la Brink’s. Catherine, une des victimes, livre un témoignage alarmant.

C’est une affaire qui concerne la Brink's, l’entreprise américaine de transport de fonds. Sa filiale française compte 3.600 employés. Parmi eux, une femme, Catherine, a écrit à "RMC s'engage avec vous". Après huit ans de silence, elle dénonce le harcèlement sexuel dont elle a été victime. Tout commence en 2016, à Saint-Denis, avec des SMS écœurants d'un de ses chefs.

“Il m’a envoyé la photo de son sexe en me disant qu’il pensait à moi et qu’il était en érection. C’est là qu’a commencé mon vrai cauchemar. Il me demandait d’aller dans les toilettes de l’entreprise, de lui montrer mes seins, de me masturber… Et quand je disais non, il répondait: ‘le monde est petit, on verra’”.

"Le monde est petit", une menace non dissimulée de la part d’un supérieur, si elle refuse de s'exécuter. Pour lui échapper, elle prend un poste dans les bureaux de Toulouse. Mais le harcèlement continue, jusqu'au déclic: Catherine découvre qu’elle n’est pas seule.

Un autre supérieur harcèle plusieurs collègues. Elle prévient sa direction en juin dernier, puis porte plainte. Selon les informations, une enquête a été ouverte et est conduite par le tribunal de Pontoise.

"Je me sens sale, très sale"

Le harceleur de Catherine a été licencié fin août. Si elle a choisi de témoigner, c'est pour donner du courage à toutes les autres victimes.

“Déjà, je me sens sale, très sale. J’ai le courage de parler et je voudrais rendre publique mon histoire en espérant aider d’autres femmes qui sont dans la même situation et qui n’ont pas la capacité de parler”.

RMC est en contact avec dix employés ou ex-employés de la Brink's. À l’exception d’un convoyeur de fonds qui travaille dans un fourgon et n’a donc rien vu, tous confirment des cas de harcèlement sexuel.

Par ailleurs, selon nos informations, une femme a été accusée d’agressions sexuelles par plusieurs collègues il y a huit ans. La plainte a été classée sans suite, faute de preuve. Cette salariée travaille toujours à la Brink’s.

Que répond la Brink's face à ces accusations?

Le PDG France, en personne, a répondu dès le lendemain de nos sollicitations. Il confirme que lorsqu'un cas de harcèlement est avéré et que les responsables sont licenciés. Comme pour le harceleur de Catherine.

Il précise également qu"une plateforme indépendante, disponible 24 heures sur 24, permet (...) à chacun de faire part de ses préoccupations en toute confidentialité". C’est rarissime dans une entreprise. Preuve que la Brink's a conscience d’un problème de fond et persistant dans ses équipes.

S’agissant des accusations d’agressions sexuelles, la Brink’s assure qu'en cas de "comportement inapproprié", elle applique "sans tolérance les sanctions adéquates".

Que faire si on est victime de harcèlement sexuel au travail?

Sachez tout d'abord que vous ne pouvez pas être sanctionné pour avoir dénoncé un de vos collègues. "Les personnes harcelées peuvent avoir peur d'être poursuivies pour diffamation", fait savoir Marylin Baldeck, cofondatrice de la Collective des Droits qui agit contre les violences sexistes et sexuelles. En clair, la liberté d'expression au travail vous protège.

Premier réflexe: conserver les preuves du harcèlement précieusement, SMS, mails, etc... "Les enregistrements clandestins sont des preuves recevables", explique Marylin Baldeck, co-fondatrice de la Collective des Droits qui agit contre les violences sexistes et sexuelles.

Vous pouvez ensuite saisir le référent harcèlement de votre Comité social et économique (CSE) pour déclencher une enquête interne. Si vous travaillez dans une petite entreprise, il faut voir directement avec votre gérant.

Vous pouvez également vous rapprocher de la médecine du travail, et contacter des associations spécialisées pour vous aider dans vos démarches. Le défenseure des droits, Claire Hédon, est également compétente.

Une femme sur trois a déjà été victime de harcèlement sexuel au travail au cours de sa vie, d’après une étude de la fondation Jean-Jaurès de 2018. Pour rappel, le harcèlement sexuel est un délit passible d'une peine de deux ans de prison et 30.000 euros d'amende.

Amélie Rosique, Solène Leroux et Guillemette Franquet