"Il ne méritait pas de prendre une balle": l'émotion de la gérante du bar après la fusillade à Nantua
Une fusillade a éclaté à Nantua (Ain), ce jeudi matin, causant la mort d'un jeune homme et blessant deux autres. Anne, gérante du bar devant lequel la rixe a éclaté, témoigne au micro de RMC.
"Il y avait la maman du tireur qui se disputait avec un client du snack en face et son fils est arrivé juste après. Il y a eu des échauffourées, ça s’est passé super vite. Moi j’ai vu Mustafa, qui est mort maintenant, allongé sur le trottoir en face de mon bar", explique-t-elle.
Une dispute a effectivement éclaté entre plusieurs personnes, sans que l'on ne connaisse les raisons pour le moment. Après avoir visé Mustafa, le tireur Mehdi I. a tenté de s'enfuir à pied. Il s'est ensuite retourné et a touché un autre jeune homme, Kemal O., dont le pronostic vital n'est pas engagé. Il a finalement été interpellé, après s'être caché pendant plusieurs heures.
Des échanges avec la victime
"Il y a beaucoup de gens qui étaient en colère contre la gendarmerie ici. Ils les accusaient d’être trop inertes, pas assez présents. Au début, il n’y avait que deux gendarmes, dépassés par les événements. J’ai essayé de calmer le jeu en disant qu'ils faisaient leur boulot. Après les secours sont arrivés, c’était aussi compliqué de garder le calme, tout le monde criait", raconte Anne.
Elle a pu échanger avec Mustafa, avant qu'il ne décède. Anne explique ne pas avoir vu qu'il était touché par balle. Elle pensait qu'il avait fait un malaise cardiaque. "Mustafa m’a dit 'j’ai mal, je peux pas respirer', mais à aucun moment il ne m’a dit qu’il sentait qu’on lui avait tiré dessus. Je me suis dit qu’il allait s’en sortir, je n'ai pas vu de sang", dit-elle.
La famille de ce jeune homme, âgé de 19 ans, s'est réunie dans le bar d'Anne. "Le papa était en larmes, il était atterré, la maman est arrivée un peu plus tard. Elle ne comprenait pas, je me mets à sa place, j’ai un garçon et c’est terrible", ajoute-t-elle.
"C'est des histoires à la con"
Si elle reconnaît qu'il y a des problèmes, notamment liés à la drogue, dans cette commune, elle reste choquée. D'autant plus qu'elle connaissait, au moins de vue, le tireur et la victime.
"Mehdi qui a tiré c’est un garçon qui me respectait, je n’ai jamais eu de problème avec et je ne pensais pas qu’il ferait ça. Mustafa non plus. C’est des histoires à la con", estime-t-elle.
Elle conclut: "Je me sens écoeurée, ce garçon il méritait de vivre, pas de prendre une balle sur un trottoir, rester toute une après-midi sous un drap blanc et je pense aux parents et à toute la famille. Je suis de tout coeur avec eux."