RMC

INFO RMC - Un ex-assigné à résidence après le 13 novembre demande des indemnités à l'Etat

Un fiché S, Halim Abdelmalek, a été assigné à résidence le 14 novembre 2015. Le ministère de l'Intérieur soupçonnait ce dirigeant d'une société de dépannage d'être proche de la "mouvance islamiste radicale" et d'avoir fait du repérage devant le domicile d'un journaliste de Charlie Hebdo (Riss). Il réclame aujourd'hui des indemnités pour préjudice financier et moral.

Aujourd'hui, un peu plus d'un an après les attentats du 13 novembre, 94 personnes sont encore assignées à résidence dans le cadre de l'état d'urgence. Pour celles-ci, selon le ministère de l’Intérieur, "il existe des raisons sérieuses de penser que l’intéressé constitue une menace pour l’ordre ou la sécurité publics". Mais aujourd'hui, pour la première fois, selon nos informations, un des ex-assigné à résidence après le 13 novembre demande réparation à l'Etat.

Il s'agit d'Halim Abdelmalek, père de deux enfants et habitant de Vitry-sur-Seine. Fiché S, ce dirigeant d'une société de dépannage a été assigné à résidence le 14 novembre 2015 car il était soupçonné, par le ministère de l'Intérieur, d'être proche d'appartenir à la " mouvance islamiste radicale" et d'avoir fait du repérage devant le domicile d'un journaliste de Charlie Hebdo (Riss).

Des faits reprochés que le ministère de l'Intérieur n'a pas pu prouver devant le Conseil d'Etat. Son assignation a donc été suspendue le 22 janvier 2016 par le Conseil d'Etat. Les Sages ont en effet estimé que les reproches du ministère n'étaient pas fondés.

"Que l'on me rende ce que l'on m'a pris"

Aujourd’hui, Halim tente de relancer son entreprise de dépannage de deux roues mais il assure avoir très mal vécu ces deux mois d’assignation à résidence. Il réclame donc des indemnités pour préjudice financier et moral, notamment parce qu'il a perdu 60% de son chiffre d'affaires. "J'ai été obligé de licencier mes trois employés, déplore-t-il sur RMC. J'étais quelqu'un qui donnait du travail. Aujourd'hui, je ne peux plus en donner aux autres et en plus je ne peux plus subvenir à mes propres besoins. C'est affreux. Je ne faisais pas partie de ce monde-là. Ce n'est pas une question d'argent, c'est juste que je veux que l'on me rende ce que l'on m'a pris".

Avec son avocat, Maître Brengarth, l'ex assigné va donc adresser une demande d'indemnisation au ministère de l'Intérieur: "C'est lui qui a pris la décision de l'assigné à résidence. Aucune raison objective ne justifierait le fait que l'on prive de son droit à l'indemnisation M. Halim Abdelmalek qui est la figure de proue des dérives de l'état d'urgence". Si l'Etat refuse sa demande de réparation, Halim Abdelmalek envisage déjà de saisir le tribunal administratif.

M.R avec Céline Martelet