"J'étais une proie": à 77 ans Suzanne victime d'actes pédophiles par un prêtre ose parler
À 77 ans, Suzanne a décidé il y a tout juste trois mois de se confier à la cellule d’écoute mise en place par le diocèse de sa ville, pour partager son témoignage: "Il faut absolument que cette institution bouge, j’ai envie de participer à ça", explique-t-elle au micro de RMC.
Violences physiques, agressions sexuelles, Suzanne a été victime d’un prêtre aujourd’hui décédé, pendant près de 10 ans: "Cela a commencé quand j’avais 10-11 ans maintenant je comprends qu’il était très conscient de ce qu’il faisait puisqu’il fermait toujours la porte. J’étais une proie. Quand on a subi ça c’est une sorte de massacre. Je lui ai dit 'vous avez complètement démolie ma vie', et il n'y a rien eu, ça a été le silence total jusqu'à sa mort".
Avec le recul, Suzanne se dit qu’elle aurait dû porter plainte, parce que ces actes ne doivent pas rester impuni. Elle espère un jour obtenir réparation, que toutes les victimes d’actes pédophiles dans l’Eglise, puissent être indemnisées.
"Le pape François fait ce qu'il peut"
"Je sens que les autorités prennent enfin conscience des drames qui se sont joués et on l’intention, enfin officiellement, d’être à l’écoute, de ne pas être faible vis à vis des prédateurs qui sont encore en vie, de ne pas les protéger", estime-t-elle.
"Le pape François fait ce qu’il peut pour briser l’omerta", assure Suzanne, qui attend des actes concrets en faveur de toutes les victimes de pédophilie dans l’Eglise.
Des partenariats avec les centres hospitaliers
Face à la multiplication des affaires et des procès de pédophilie, l'Eglise française a du réagir. Depuis 2 ans, plusieurs diocèses ont ouvert des cellules d'aide aux victimes d'abus sexuels. Deux d'entre eux ont mis en place des partenariats avec des Centres Hospitalier : c'est le cas du diocèse de Lille et celui de Montpellier.
Pour Wayne Botkin, psychologue associé au Criavs (Centres de ressource pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles) de Montpellier, l’hôpital est "un lieu sûr, sanctuarisé". Pour les victimes, la démarche "est plus simple que de retourner dans des lieux" comme l'Eglise, "qu'ils ne souhaitent surtout pas revoir". Chaque médiatisation aide à briser le silence: "c'est une des manières d'aider ces victimes, mais aussi toutes celles qui n'ont pas encore réussi à en parler".
À Montpellier, lorsque la cellule d'écoute du diocèse reçoit un appel, les psychologues s'engagent à proposer une rencontre dans un délai d'une semaine. Si les faits sont prescrits, ces personnes sont accompagnées, puis suivies par une équipe thérapeutique. Dans le cas de faits non prescrits, alors ils doivent être signalés au Procureur. En 2 ans, la cellule d'écoute a reçu 45 appels et 20 personnes sont venues pour raconter leur histoire.
Le numéro de la cellule d'écoute de Montpellier est le 07 68 55 00 43.