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Police-Justice

"Je ne suis pas un prédateur": au premier jour de son procès, Tariq Ramadan clame son innocence

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Le procès du théologien Tariq Ramadan s'est ouvert ce lundi au tribunal correctionnel de Genève, en Suisse. Lors de la première matinée, l'islamologue suisse, accusé de viol et contrainte sexuelle, a clamé son innocence.

Dès le départ, Tariq Ramadan clame haut et fort son innocence devant le tribunal correctionnel de Genève (Suisse), ce lundi, où il est poursuivi pour viol et contrainte sexuelle. Habillé d'un costume sombre et d'une chemise bleue clair, le théologien est assis au premier rang, un micro placé juste devant lui. Derrière, un paravent blanc le sépare physiquement de la plaignante qui l’accuse de viol avec violences, en date du 28 octobre 2008.

La matinée de ce lundi a été consacrée à l’interrogatoire de Tariq Ramadan. Et dès les premiers instants, il affirme être victime d’une cabale.

"Je ne suis pas un prédateur. L'objectif de la plaignante, c’était ma chute morale, qu'il soit su que j’avais des relations extra conjugales", lance l'accusé.

La particularité de ce volet suisse, Tariq Ramadan étant aussi accusé de viol en France pour des faits datant de 2017, est que le théologien conteste toute relation sexuelle, même consentie. Ce n’est pas le cas dans le volet français.

Actes sexuels brutaux

Concernant l'affaire qui est actuellement jugée à Genève, l'islamologue affirme que la plaignante est venue à son hôtel le 28 octobre 2008 avec une tenue aguicheuse, dans l'optique de le séduire et lui tendre un piège.

De son côté, la victime, qui dit vivre sous la menace et souhaite donc être appelée sous le prénom d'emprunt de "Brigitte", assure que l'islamologue l'a soumise à des actes sexuels brutaux accompagnés de coups et d'insultes, dans une chambre d'hôtel à Genève où il l'aurait invitée.

Touché par une sclérose en plaque, Tariq Ramadan, qui confirme avoir simplement rencontré la plaignante avant de "repousser" ses approches, a fait valoir les répercussions de la procédure sur son état de santé. Il affirme être aujourd’hui diminué physiquement et intellectuellement, sa maladie s'étant selon lui aggravée.

Une proximité avec des "ennemis" de Tariq Ramadan?

Pour autant, il reste très offensif dans sa plaidoirie. "Si j’avais eu une relation sexuelle avec la plaignante suisse, avec ce qui se sait aujourd’hui de mes pratiques, pourquoi je le nierai", a-t-il lancé. Le théologien avait reconnu des relations consenties avec les plaignantes françaises, mais conteste donc toujours tout rapport sexuel avec "Brigitte" en octobre 2008.

Tariq Ramadan dénonce un traquenard, et souligne les liens de la quinquagénaire avec ses ennemis idéologiques, parmi lesquels Caroline Fourest. "Une femme éprise peut, parce qu’elle a été éconduite, chercher des alliés pour se venger", a lancé Tariq Ramadan.

Cette thèse a été battue en brèche par l’avocat de la plaignante Me Francois Zimeray. Ce dernier explique que Tariq Ramadan "a menti, et il a même reconnu avoir menti. C'est sans doute la seule fois où il a dit la vérité". Le théologien a en effet admis avoir menti, dans la procédure française, pour protéger sa vie privée.

Dieudonné à la barre mardi

"Dépression assumée, défense de la vérité revendiquée, je suis là parce que je vais me battre. Je ne vais pas me laisser faire par le mensonge et la manipulation", a déclaré le théologien devant les magistrats.

Lundi, la défense a révélé qu'elle entendait faire venir témoigner mardi un ancien proche de la plaignante, l'humoriste controversé Dieudonné, dont le nom apparaît dans un courrier anonyme reçu par le tribunal.

En France, Tariq Ramadan est soupçonné de viols commis entre 2009 et 2016 sur quatre femmes, une affaire qui a déclenché sa chute en 2017.

Le parquet de Paris a requis en juillet dernier son renvoi devant une cour d'assises. Il appartient aux juges d'instruction chargés des investigations d'ordonner un procès. Le dossier français lui a valu plus de neuf mois de détention provisoire en 2018, dont il est ressorti libre en novembre de la même année. Il reste sous contrôle judiciaire depuis.

Pour ce qui est des faits lui étant reprochés en Suisse, Tariq Ramadan risque entre deux et dix ans de prison. Le jugement est attendu le 24 mai.

Alexis Lalemant avec Marion Dubreuil