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L'ex-petit ami de Shaïna condamné à 18 ans de prison pour l'assassinat de l'adolescente

Shaïna est morte en 2019 à Creil, où son corps a été retrouvé brûlé (illustration).

Shaïna est morte en 2019 à Creil, où son corps a été retrouvé brûlé (illustration). - BFMTV

Une peine de 18 ans de prison a été prononcée vendredi soir à l'encontre de l'ex-petit ami de Shaïna, une adolescente poignardée et brûlée vive à l'âge de 15 ans à Creil en 2019.

La cour d'assises des mineurs de l'Oise a condamné à 18 ans de réclusion criminelle l'ex-petit ami de Shaïna, pour l'assassinat de cette adolescente, poignardée et brûlée vive à 15 ans en 2019 à Creil, probablement enceinte de lui.

"Pourquoi ? Pourquoi ?", a réagi l'accusé, teint blême, barbe naissante et yeux sombres, à l'énoncé du verdict, dans la nuit de vendredi à samedi, après 4 heures de délibéré. Puis: "Vous avez tort ! Je suis innocent !"

Le frère de Shaïna, Yasin, a fait un malaise peu après le verdict, à l'issue d'échanges tendus avec l'accusé, entraînant une suspension d'audience.

Cette peine, prononcée dans une ambiance lourde, est inférieure aux réquisitions de l'avocat général, Loïc Abrial, qui avait réclamé 30 ans de réclusion criminelle pour un crime selon lui "prémédité à chaque étape".

Il avait demandé la levée de l'excuse de minorité de l'accusé, âgé de 17 ans au moment des faits, ce qui permet de porter la peine maximum de 20 à 30 ans, ont expliqué à l'AFP les avocats des deux parties. Mais celle-ci n'a pas été retenue par la cour.

Manque d'empathie et narcissisme

L'avocate de l'accusé, Me Elise Arfi avait décrit, après les réquisitions, un homme "pétrifié, terrorisé", face à la demande d'une peine "plus longue que toute sa vie". Son second conseil, Me Adel Fares, a "plaidé l'acquittement".

Tout au long du procès à huis clos, ouvert lundi, le jeune homme, un lycéen sans casier judiciaire au moment des faits, a crié son innocence. "Je veux juste être tranquille", a-t-il lancé aux jurés au moment de ses derniers mots, selon l'avocat général. Selon les parties civiles, l'expert psychiatre a pointé jeudi le manque d'empathie et le narcissisme du jeune homme, un portrait récusé par la défense.

Shaïna, morte à 15 ans, avait été victime deux ans plus tôt dans sa cité d'agressions sexuelles, dont les images avaient été diffusées en ligne, l'exposant selon Me Negar Haeri, l'avocate de sa famille, à être traitée "comme une chose".

Quatre autres jeunes hommes ont été condamnés le 1er juin en appel pour ces faits à des peines allant de six mois à deux ans de prison avec sursis.

Selon l'enquête, Shaïna, décrite par sa mère comme "rigolote et souriante", entamait probablement une grossesse, qu'elle attribuait à l'accusé. Ce dernier a pu être mu, selon les parties civiles, par la crainte de perdre l'amour de ses parents s'il rompait avec leurs exigences de perfection, sur fond d'interdit religieux autour de la sexualité.

"Il était prêt à tout détruire pour sauver son image", a tranché l'avocat général vendredi. "Il n'y a pas de lien à faire entre la foi" de l'accusé et le crime jugé, a au contraire balayé Me Adel Fares.

A.L. avec AFP