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Affaire Shaïna: des peines avec sursis durcies en appel pour les auteurs d'agressions sexuelles

Des peines plus lourdes qu'en première instance, de six mois à deux ans de prison avec sursis, ont été prononcées jeudi par la cour d'appel d'Amiens contre les quatre auteurs d'agressions sexuelles commises en 2017 à Creil à l'encontre de Shaïna, 13 ans, poignardée et brûlée vive deux ans plus tard.

Six mois à deux ans de prison avec sursis. C'est le verdict prononcé par la cour d'appel d'Amiens, ce jeudi, contre quatre personnes, auteurs d'agressions sexuelles contre la jeune Shaïna, 13 ans. Ces faits, commis en 2017 à Creil, viennent deux ans avant l'assassinat de la jeune fille.

Les peines sont toutes plus lourdes qu'en première instance en 2022, mais moins sévères que celles réclamées par le parquet général lors de l'audience en avril. Le principal auteur des agressions sexuelles, âgé de 14 ans en 2017 et alors petit ami de Shaïna, a été condamné à deux ans de prison avec sursis, et sera inscrit au fichier des délinquants sexuels. L'avocate générale avait requis contre lui deux ans de prison dont un ferme. En première instance il avait été condamné à un an de prison avec sursis probatoire.

La qualification de viol pas retenue

Ses co-auteurs, âgés de 16 et 17 ans au moment des faits, ont tous deux été condamnés à un an de prison avec sursis.Ils avaient été condamnés en première instance à huit mois avec sursis probatoire. Le prévenu le plus âgé, jugé pour une agression sexuelle antérieure, et relaxé en première instance, a lui été condamné à six mois de prison avec sursis.

"C'est le triomphe de la parole de Shaïna" face à des agresseurs qui ont montré lors des audiences, à huis-clos, "une forme d'arrogance dans leur contestation et négation des faits", a salué Me Negar Haeri, avocate de sa famille de Shaïna. Le frère de Shaïna, Yasin Hansye, a lui déploré que la qualification de viol n'ait pas été retenue.

Selon la plainte de Shaïna, son petit ami l'avait fait chanter en usant d'une photo dénudée pour l'entraîner dans une clinique désaffectée, où le trio l'avait violentée. Une vidéo la montrant alors partiellement dénudée, tentant de cacher son sexe sous les injures, a été projetée à l'audience. La diffusion de ces images sur Snapchat l'avait exposée, selon son frère, à un "acharnement" dans sa cité.

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Le procès pour son meurtre ouvre lundi

En mai 2019, elle avait à nouveau porté plainte pour un passage à tabac par le même ex-petit ami, qui a pour ces faits été récemment renvoyé devant le tribunal pour enfants pour violences aggravées et menaces de mort.

Le 25 octobre 2019, Shaïna était poignardée et brûlée vive, enceinte, dans un cabanon de sa cité. Son assassin présumé, 17 ans au moment des faits, sera jugé à partir du 5 juin devant la cour d'assises des mineurs de l'Oise. Lundi s'ouvrira donc le procès de ce jeune homme, quelques jours après le verdict de ce "premier acte" du "calvaire de Shaïna", selon les propos de Me Negar Haeri.

Le nombre de féminicides a augmenté de 20% en France en 2021 par rapport à l'année précédente, avec 122 femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, selon les derniers chiffres disponibles du ministère de l'Intérieur.

3919: le numéro de téléphone pour les femmes victimes de violences
Le "3919", "Violence Femmes Info", est le numéro national de référence pour les femmes victimes de violences (conjugales, sexuelles, psychologiques, mariages forcés, mutilations sexuelles, harcèlement...). C'est gratuit et anonyme. Il propose une écoute, informe et oriente vers des dispositifs d'accompagnement et de prise en charge. Ce numéro est géré par la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF).

Maxime Martinez avec AFP