L’homme d’affaires Ziad Takieddine meurt à 75 ans, deux jours avant le verdict du procès libyen

Ziad Takieddine est soupçonné d'avoir orchestré l'affaire du financement libyen contre Nicolas Sarkozy. - Philippe Lopez - AFP
L’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine est mort à Beyrouth à l’âge de 75 ans, a-t-on appris ce mardi 23 septembre. Le sulfureux intermédiaire était au cœur de plusieurs affaires politico-financières retentissantes, dont la dernière en date: le présumé financement libyen de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy. Or, c’est justement jeudi matin que le tribunal correctionnel de Paris doit rendre son jugement.
"Menteur et escroc"
Ziad Takieddine risquait une lourde condamnation en raison de son rôle central dans ce dossier: c’est lui qui avait - médiatiquement - mais aussi devant les juges, porté les accusations les plus directes à l’encontre de Nicolas Sarkozy. Ziad Takieddine assurait notamment qu’il avait lui-même transporté dans des mallettes l’argent liquide soi-disant donné par le colonel Kadhafi pour le financement de la campagne 2007.
Alors, même si l’enquête a prouvé que des millions libyens ont bien transité sur les comptes de Ziad Takieddine, l’intermédiaire a maintes fois varié dans ses déclarations aux juges, à tel point que Nicolas Sarkozy, y compris à l’audience, l’a qualifié de “menteur et d’escroc”.
Condamné à cinq ans de prison ferme dans l’affaire Karachi (les rétrocommissions sur la vente de sous-marins), Ziad Takieddine avait fui la justice française et s’était réfugié au Liban pour échapper à la prison. Son décès entraîne automatiquement la fin des poursuites à son encontre, et avec lui, disparaissent ses derniers secrets.
Crise cardiaque
Fuyant sa condamnation dans l'affaire Karachi, Takieddine était au Liban et n'avait pas assisté à son procès dans l'affaire du présumé financement libyen au début de cette année. Concernant la décision de jeudi, le parquet a requis sept ans d'emprisonnement, 300.000 euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité contre Sarkozy.
Il était détenu dans une prison libanaise depuis un mois sur la base d'une action en justice intentée par son avocat libanais qui affirmait qu'il ne l'avait pas payé. Il est décédé à l'hôpital après une crise cardiaque.
Descente aux Enfers
Ziad Takieddine est mort au Liban où il était né, le 14 juin 1950, dans une grande famille druze implantée dans les hautes sphères du pays. L'intermédiaire y a d'abord été publicitaire, avant de quitter son pays, déchiré par la guerre civile, pour Londres.
Dans les années 1980, il est placé à la tête de la station de montagne Isola 2000 (Alpes-Maritimes) et noue progressivement des liens avec de hauts responsables de droite. Grâce à ces connaissances et son entregent, il s'immisce dans la négociation de contrats de défense au coeur de l'affaire Karachi. Il mène alors grand train et couvre de cadeaux ses relations politiques.
Mais son influence va ensuite décliner, entre un divorce difficile avec son épouse, la concurrence de son ennemi juré, l'homme d'affaires Alexandre Djouhri, venu des réseaux liés à Jacques Chirac, et le début de ses ennuis judiciaires.