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L'instruction du drame de Puisseguin rouverte: le chauffeur et les familles témoignent sur RMC

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La Cour d'appel de Bordeaux a indiqué jeudi qu'elle allait rouvrir l'instruction dans l'affaire du drame de Puisseguin. En 2015, un autocar transportant des retraités avait percuté un semi-remorque. Un incendie s'était déclaré sur le véhicule provoquant la mort de 41 passagers du bus, du chauffeur du camion ainsi que de son fils.

Après un non-lieu prononcé en 2021, la Cour d'appel de Bordeaux a décidé jeudi de rouvrir l'instruction dans l’affaire du drame de Puisseguin. Les nouvelles investigations vont notamment porter sur la conception du bus et l'installation d'un réservoir additionnel de gasoil au camion ce qui a pu augmenter les risques d'incendie.

Le 23 octobre 2015 près de la petite commune de Gironde, un autocar transportant des retraités en excursion est entré en collision avec un semi-remorque. Au total, 41 passagers du bus étaient morts, brûlés ou asphyxiés dans le véhicule, le chauffeur du camion et son fils de 3 ans avaient également péri dans l’accident.

L’annonce de la réouverture de l’instruction a vraiment touché Michel Vigier. “J'ai vraiment été ému”, confie-t-il. Cela fait presque 8 ans que ce dernier dénonce la conception du bus et la vitesse de propagation des flammes.

“S’il n’y avait eu que le choc, il n’y avait pas de victimes. C’est le feu qui a fait le plus de dégâts”, estime-t-il.

Une longue instruction

Le feu et les fumées toxiques, qui ont emporté la belle-mère du président du collectif des victimes. Celui-ci aura bientôt 80 ans et sa vie a été marquée par ce drame. Mais la perspective d'un procès le soulage. “Peut-être que les morts auront servi à quelque chose si jamais on aboutit à une sécurité bien meilleure dans les cars”, admet-il.

Raymond Silvestrini était dans le bus, à la sortie de Puisseguin. Il s'est défenestré pour échapper aux flammes. Son épouse, son oncle et deux belles-sœurs sont restés piégés.

“Quelque part, des fois, je me dis pourquoi je suis pas resté avec eux finalement? J’ai des flashs qui reviennent assez souvent. Et ça, ça ne s’effacera jamais. Par contre ce que je voudrais, c’est que les grands groupes qui ont une part de responsabilité en prennent acte”, plaide-t-il.

En effet, l'instruction cible notamment le constructeur allemand Mercedes. L'enquête prend donc une dimension internationale, souligne l'avocate des parties civiles. Selon elle, il faut compter en années avant la fin de l’instruction.

Le chauffeur du car témoigne sur RMC: "Ma vie est un enfer"

Invité sur RMC ce vendredi matin, le chauffeur du car, David Daubigeon, a salué la réouverture de l'instruction estimant que "c’est une bonne nouvelle pour tout le monde. On va enfin traiter cette affaire avec sérieux".

Il a également regretté l'accompagnement des victimes plus de sept ans après le drame malgré toutes les promesses de l'Etat.

"Cette affaire est assez bizarre parce que l’Etat s’était engagé à suivre l’affaire et accompagner les victimes et depuis, c’est le silence total. François Hollande m’a dit en direct: 'On ne vous laissera pas tomber', que l’Etat fera tout pour vous accompagner et vous aider. Depuis mon accident, ça fait sept ans et demi que personne ne m’a contacté. Et donc moi tout seul, je me bats contre l’assurance-maladie. Je suis traité comme un numéro de dossier et non comme une victime ou un être humain qui mérite d’avoir du respect et de la reconnaissance", explique-t-il.

Il assure par ailleurs qu'aujourd'hui encore sa vie "est un enfer". "Tout est compliqué. Les victimes ne sont pas protégées à cause de la bureaucratie à la Française", indique-t-il. Il demande au président de la République un entretient.

Marion Gauthier avec Guillaume Descours