RMC

L'interdiction des emplois familiaux des parlementaires? "Une loi discriminatoire" selon un sénateur

Le Sénat, photo d'illustration

Le Sénat, photo d'illustration - LIONEL BONAVENTURE / AFP

Le Sénat s'est prononcé dans la nuit de mardi à mercredi contre une mesure-phare du projet de loi de moralisation de la vie politique: l'interdiction des emplois familiaux pour les parlementaires. Hervé Maurey, sénateur UDI, rattaché au groupe Union centriste, fait partie des parlementaires qui ont voté contre cette disposition.

Hervé Maurey, sénateur UDI, rattaché au groupe Union centriste, a voté contre l'interdiction des emplois familiaux pour les parlementaires, dans la nuit de mardi à mercredi. Pour lui, cette disposition est "excessive" et "discriminatoire".

"Je suis opposé à cette mesure-là parce que je la trouve excessive et discriminatoire. Ce qui a choqué récemment, c’est le doute sur la réalité d’un emploi, avec un niveau de rémunération excessif. Et depuis, on est dans l’urgence, dans la pression médiatique. Vite adopter une loi sur les emplois familiaux chez les parlementaires. Vite légiférer. C’est une loi de circonstance que personne n’aurait demandé sans l’affaire Fillon.

Personnellement, plutôt qu’interdire ces emplois, je suggère de les encadrer. Là, on est dans une situation où on a eu des brebis galeuses, et on éradique le troupeau dans sa totalité.

"On est dans le populisme"

Aujourd’hui, on est dans le populisme. De manière brute, il est expliqué que le Sénat refuse de légiférer sur les emplois familiaux. Ce qui n’est pas le cas. Ce que je dis c’est que ce texte est bancal et hybride. Et quand on prend le temps d’expliquer pourquoi cette mesure n’est pas correcte, plus personne ne réagit négativement.

Prenons mon exemple. Ma femme est employée comme mon assistante pour 2.000 euros par mois. Ici, au Sénat, chacun peut constater qu’elle est là toute la journée, qu’elle travaille vraiment, et cela ne choque personne. C’est assez facile à vérifier d’ailleurs avec les badges, les actions qu’elle mène ici et dans notre département.

"Si l’on veut être dans la moralisation, il faut aller plus loin dans le texte"

C’est pourquoi, je considère que cette mesure est discriminatoire parce que ces personnes compétentes seront mises à la porte mais aussi parce que les parlementaires seront les seuls à ne pouvoir choisir leurs collaborateurs. Prenez un médecin, qui lui aussi vit avec de l’argent public, personne ne s’offusque qu’il embauche sa femme.

Attention, ma position est très claire. Je trouve scandaleux quand des emplois sont fictifs et surpayés. En revanche, je ne comprends pas pourquoi embaucher une personne qui travaille vraiment pourrait poser problème.

Avec cette première loi proposée par le gouvernement, la loi fixe ce qui est moral. Étrange. Aussi, si l’on veut être dans la moralisation, il faut aller plus loin dans le texte. Car aujourd’hui, ce qu dit ce texte c’est qu’il n’est pas moral d’embaucher sa femme. En revanche, les maîtresses, les ex, son meilleur ami... Là, ce n’est pas un problème."

Propos recueillis par Elodie Hervé