"La drogue tue plus que le terrorisme": Darmanin justifie son régime de détention des narcotrafiquants

"Notre système carcéral ne marche pas, je suis là pour le changer." Le ministre de la Justice Gérald Darmanin est déterminé pour empêcher les narcotrafiquants d'agir depuis les prisons. Le garde des Sceaux souhaite la mise en place d'un "régime de détention extrêmement sévère". Ce dernier faisant l'objet d'un amendement à la proposition de loi sur la lutte contre le narcotrafic, débattue ce lundi à l'Assemblée nationale.
Cet amendement prévoit l'isolement des "200 plus gros narco-bandits" de France dans deux prisons de haute sécurité. Celle de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, qui accueillera une première partie à partir du 31 juillet. À partir du 15 octobre, ce sera aussi le cas dans la prison d'Alençon-Condé-sur-Sarthe, dans l'Orne.
Des conditions de détention très strictes
"Dans les deux prisons que j'ai évoquées, il y aura un système qui empêchera tout accès des drones. Le deuxième sujet, c'est de téléphone portable. Il faut brouiller tous les systèmes. Il faut un système extrêmement hermétique sur ces deux prisons. Ce sera le cas", a promis Gérald Darmanin au micro des Grandes Gueules ce lundi.
Le garde des Sceaux veut également aller plus loin, en empêchant tout contact physique lors des visites au parloir, avec l'installation d'hygiaphone pour communiquer.
"Pour ces détenus extrêmement dangereux, il y aura des fouilles systématiques à la sortie de chaque parloir", a-t-il également assuré sur RMC.
Aujourd'hui, la lutte contre le narcotrafic est une priorité du gouvernement. "La drogue tue plus que le terrorisme en France. Si le narco-banditisme est vraiment un danger pour la nation, pour la déstabilisation de notre démocratie, alors on doit se doter des mêmes moyens que pour lutter contre le terrorisme", a insisté Gérald Darmanin.
Un isolement risqué ?
Ce dernier souhaite isoler le plus possible les criminels du narcotrafic: "C'est en empêchant les gens de communiquer avec l'extérieur que nous arriverons à mettre fin à ce narcotrafic." Le garde des Sceaux est déterminé à "mettre fin à cette permissivité en prison".
Mais ces mesures inquiètent des avocats. La présidente du conseil national des barreaux, Julie Couturier, s'est dite inquiète, ce lundi dans Apolline Matin, des conditions de détention réservées aux détenus dans le régime défendue par Gérald Darmanin:
"On est dans le pays des droits de l'homme, dans lequel on a un phénomène de surpopulation carcérale, avec des situations extrêmement difficiles. On a des matelas au sol, on a des conditions d'indignité de détention."
Selon elle, ces nouvelles dispositions pourraient créer "des lions en cages". "On est tous contre le narcotrafic, mais on conteste les moyens, la question, c'est celle de l'équilibre entre la sécurité, mais pas au détriment des droits de liberté fondamentale", a souligné Julie Couturier, qui estime que d'autres moyens pourraient être plus efficaces.