La mobilisation des policiers s'essouffle: "je suis dégoûté de mes collègues"

Les policiers ne sont plus très nombreux à être en colère... Peu sont descendus dans la rue dans une vingtaine de villes en France jeudi soir, à l'appel de plusieurs collectifs de policiers indépendants. Ils étaient notamment une centaine à Paris, ou encore 250 à Clermont-Ferrand, et 80 à Toulouse, pour dénoncer la loi assouplissant la légitime défense des policiers, qu'ils qualifient d'"enfumage". Une loi votée par le Sénat mercredi, et qui sera examinée par l'Assemblée à partir du 7 février.
Si cette loi est adoptée, les policiers auront la même légitime défense que les gendarmes, c'est-à-dire qu'ils pourront tirer en cas d'agression. Une disposition élargie aux policiers municipaux également. La loi doit être définitivement votée à la fin du mois de février. C'était la principale demande des policiers manifestant après l'attaque de Viry-Châtillon, qui avait entraîné un mouvement de mécontentement à l'automne.
"On a du mal à comprendre"
A Lyon, ils étaient à peine une soixantaine à s'être rassemblés place Bellecour, où s'est rendue RMC. Bernard, policier depuis 20 ans à Lyon, avait du mal à cacher sa déception devant une si faible mobilisation de ses collègues.
"Je suis clairement dégoûté. On a du mal à comprendre que les collègues ne se sentent pas concernés et ne sont pas prêts à se mobiliser encore pour défendre leur droit, leur vie même. Qu'avec tout ce qu'il se passe (pour les policiers) à longueur de temps, que les collègues ne se sentent pas concernés… pff".
Pour lui, malgré cette modification de la légitime défense, "rien n'a changé". "Même si le 24 janvier le Sénat a adopté une modification de la légitime défense, on voudrait aller bien plus loin. Ce n'est pas suffisant", clame-t-il.
Les policiers manifestants estiment que le texte sur la légitime défense "est trop vague" et "risque de les mettre en porte-à-faux". "Si quelqu'un est en danger, on doit pouvoir se servir de la légitime défense sans avoir à réfléchir à ce qui va nous arriver après, explique Christian, policier lyonnais. On nous a donné une arme pour protéger les citoyens, mais on n'arrive même pas à nous défendre nous-mêmes".
Pourtant, les manifestants refusent de baisser les bras, et se projettent sur l'après-présidentielle. "Elles auront lieu dans quatre mois, donc on aura un nouveau ministre de l'Intérieur après. On devra aller discuter avec lui et apporter des modifications" au texte. Mais au vu de la faible mobilisation de jeudi soir, les policiers lyonnais ne prévoient pas de nouvelles actions dans l'immédiat.