La radicalisation dans la police, une question lancinante depuis 2018
Ce n'est pas la première fois que la question des radicalisés au sein des services publics se pose. En décembre 2018, soit 11 mois avant l'attaque qui a tué 4 employés de la préfecture de police de Paris jeudi dernier, menée par l'un des leurs : Mickael Harpon, 45 ans, employé administratif radicalisé au service informatique, des députés mènent une mission d'information sur les services publics face à la radicalisation.
Une mission qui avait débouché sur un rapport présenté fin juin. Le 11 décembre 2018, ils avaient auditionné à huis clos notamment le préfet de police de l'époque, Michel Delpuech, et Françoise Bilancini, la directrice du renseignement parisien, service touché par l'attaque de jeudi.
Ils s'inquiétaient de la présence de radicalisés dans les rangs de la préfecture de police. "Quatre ou cinq fonctionnaires en voie de titularisation ou en poste sont radicalisés", expliquait à l’époque le préfet de police. "Se pose la question de leur sortie ou de leur non-intégration, or il n'y a pas d'outils qui permettent efficacement cela", dit-il.
Vide juridique
Un "véritable angle mort juridique" qui inquiète la préfecture de police, car la révocation d'un policier n'est pas possible sur le fondement unique de la radicalisation. Trois exemples sont cités à l'époque : "il a fallu utiliser des motifs connexes, comme la faute professionnelle", explique un responsable.
La directrice du renseignement parisien met aussi en avant la "dissimulation" des radicalisés: "certains peuvent être de bons agents publics, mais être de dangereux radicalisés à la sortie" dit-elle. Cet autre participant résume la problématique : "on a besoin d'un cadre, d'outils juridiques, quitte à en débattre avec les droits de l'hommistes acharnés".