"La règle c'est la liberté, l'exception, c'est l'incarcération": sur RMC, l'échange tendu une magistrate déplore le peu de peines de ferme

De nombreux policiers se sont rassemblés mercredi devant l'Assemblée Nationale à Paris pour rendre hommage aux policiers mort dans l'exercice de leur fonction, notamment le brigadier Eric Masson il y a 15 jours à Avignon. Ils entendaient également dénoncer la réponse pénale donnée aux auteurs de violences et de meurtres contre et pour demander la mise en place de peines minimales. Les manifestants présents s’en sont plusieurs fois pris à la justice : "Le problème de la police, c'est la justice!", a clamé Fabien Van Hemelryck du syndicat de police Alliance.
Présente à la manifestation et co-signataire d'une tribune de magistrats et policiers en colère, Béatrice Brugère secrétaire générale du syndicat unité Magistrats FO a apporté son soutien aux policiers: "Le principal problème de la police, c’est la délinquance et la violence. La police sans la justice c’est l’arbitraire et la justice sans la police c’est l’impuissance. Il y a d’autres positions que celles que l’on a entendu lors de la manifestation", a-t-elle assuré ce jeudi sur RMC.
"La procédure est toujours en train d’être complexifiée et du coup fragilisée"
Des propos appuyés par Grégory Joron, secrétaire général du Syndicat Unité SGP Police FO co-signataire de la tribune: "Le vrai problème c’est la situation sur le terrain. Il y a des incompréhensions et des interrogations au regard de certaines décisions de justice, mais il y a une autre voie", a-t-il plaidé avant que la magistrate dénonce le manque de moyens de la justice et de la police.
"Il faut travailler ensemble. On a des difficultés communes et trois soucis majeurs: on a une insécurité juridique, la procédure est toujours en train d’être complexifiée et du coup fragilisée. Et qui dit procédure fragile, dit zéro résultat devant une audience. On a une problématique commune avec les policiers c’est les moyens qui ne sont pas à la hauteur.
Enfin le problème c’est la politique pénale: il faut un langage commun dissuasif pour les délinquants. On a déjà tout ce qu’il faut dans le code pénal, encore faut-il pour l’appliquer correctement. Et cela ne s’appelle pas la justice, cela s’appelle la politique pénale", a lancé Béatrice Brugère.
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"Il faut systématiquement aménager les peines"
Grégory Joron réclame lui de la cohérence: "S'il n'y a plus de sécurité il n'y a plus de liberté. Si la justice était un peu plus chirurgicale à l’endroit des délinquants et plus ferme et si on utilisait bien la boîte à outil, on s’en sortirait mieux".
Un manque de cohérence que déplore également la magistrate qui assure qu'on leur demande de ne plus incarcérer: "La règle c'est la liberté, l'exception c'est l'incarcération. On ne peut pas dire que la justice est laxiste. Mais il faut avoir conscience qu’on est encadré dans une loi dont la philosophie pénale est de dire la prison c’est l’exception. On a encore un projet de loi qui va nous supprimer les peines courtes et il faut systématiquement aménager les peines", déplore Béatrice Brugère.