Mort de Chahinez à Mérignac: le rapport accablant de l'IGPN sur les "fautes professionnelles" des policiers
Un rapport de l'IGPN, la "police des polices", remis au patron de la police nationale, confirme que des fautes ou erreurs d'appréciation ont été commises par plusieurs agents dans le cadre du féminicide de Mérignac, en Gironde.
Ce rapport avait été commandé à l'IGPN après qu'une mission d'inspection a mis au jour une série de défaillances qui n'ont pas permis d'empêcher le meurtre particulièrement effroyable de Chahinez Daoud par son mari en mai dernier à Mérignac.
Que risquent les policiers?
L'IGPN a remis au directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Veaux, son rapport qui conclut à des fautes ou des erreurs d'appréciation de la part de plusieurs agents. Même si ce ne sont pas individuellement de "graves manquements" confie une source proche du dossier à RMC, il y a bien eu une succession de fautes professionnelles, d'erreurs d'appréciations et les policiers vont devoir en répondre.
Parmi les futurs convoqués, il y a évidemment le brigadier qui a pris la plainte de Chahinez Daoud, la femme assassinée. Une "rédaction de plainte bâclée" selon le rapport d’inspection publié en juin dernier. Autres convoqués: les deux commandants et le commissaire qui ont supervisé l’enquête. Une enquête avec des manquements où plusieurs fois ont raté l’occasion d’arrêter le mari violent.
Il peut désormais convoquer un Conseil de discipline qui devra prendre des sanctions contre les agents concernés: ils risquent un avertissement ou un blâme, le premier niveau de sanctions possibles.
Le 4 mai, Chahinez Daoud avait été blessée par balle avant d'être immolée par le feu dans la rue par son mari violent dont elle était séparée. Condamné pour des faits de violences conjugales, ce dernier, qui venait de sortir de prison, avait de nouveau menacé son épouse.
Début septembre, un conseil de discipline s'est réuni à Bordeaux pour examiner le cas du policier, condamné pour violences conjugales, qui avait recueilli la plainte de Chahinez contre son mari, deux mois avant qu'elle ne soit assassinée. Ce conseil a proposé une sanction de deux ans d'exclusion dont un ferme contre ce policier, pour les faits de violences conjugales.
"Le service de probation qui suivait le mari sorti de prison n'était pas au courant"
"Cela va aboutir à des sanctions disciplinaires, symboliques, cosmétiques, pour calmer l'opinion en période électorale. Ces policiers ne seront pas présentés devant un tribunal correctionnel", a commenté Pierre Farge, fondateur de Avocat-stop-féminicide, un collectif d'avocats qui viennent en aide bénévolement à des femmes battues et les aident à porter plainte.
"Un commissaire est en mesure de connaître le casier judiciaire de ses équipes et cela relève de sa responsabilité personnelle", explique l'avocat pénaliste à l'AFP.
"Il faudrait au moins que ce cas malheureux permette d'améliorer la coordination des services policiers et judiciaires: le service de probation qui suivait le mari sorti de prison n'était pas au courant que l'épouse avait déposé plainte pour des faits de violence conjugale", a indiqué Me Farge à l'AFP, regrettant le manque de moyens dont disposent la police et la justice.