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"On a l'impression de s'essouffler": des magistrats toulousains s'alarment du manque de moyens de la justice

Justice (Photo d'illustration)

Justice (Photo d'illustration) - AFP

Le procureur de la République de Toulouse et le président du tribunal judiciaire ont pointé le manque de moyens de la justice toulousaine. Il faudrait 30 à 45 juges supplémentaires au tribunal judiciaire et sept magistrats au parquet pour travailler "convenablement".

Le procureur de la République de Toulouse et le président du tribunal judiciaire (TJ) se sont alarmés jeudi du manque chronique de moyens de leur juridiction, décrite comme au bord de "l'essoufflement", lors d'une conférence de presse.

"On a l'impression de s'essouffler un peu. On obtient des moyens, mais le décalage est tellement grand entre la réalité et le besoin que ces moyens passent inaperçus", a déploré le procureur de Toulouse, Samuel Vuelta Simon.

"Cela se traduit pour le citoyen en non-réponse (...): aujourd'hui, vous déposez une plainte, on essaie de la traiter mais il y a des fois où la machine ne peut plus digérer le traitement", a-t-il expliqué.

Plus de 750 procédures par magistrat

Toulouse "avait encore un profil de ville paisible de province il y a peut-être vingt à trente ans" mais ce n'est plus le cas, notamment du fait de l'augmentation constante de sa population, a de son côté souligné le président du TJ, Xavier Pavageau, qui regrette une différence de traitement entre sa juridiction et d'autres d'égale importance.

Selon les chiffres communiqués, en 2022, il y avait par exemple en France en moyenne 71,1 juges du siège et 27,5 magistrats du parquet par million d'habitants dans les 11 juridictions les plus importantes.

Pour le tribunal de Toulouse, le ratio n'est que de 57,56 juges et 21,49 membres du parquet. C'est dans cette ville que les magistrats du siège ont traité le plus grand nombre de procédures en 2022, avec en moyenne 758 par magistrat.

Des burn out en augmentation

Côté parquet, les magistrats ont traité en moyenne 2373 dossiers chacun, soit un nombre plus important que certains grands tribunaux d'Ile-de-France comme Nanterre, Versailles ou Pontoise.

"Ce qui est certain, c'est qu'au niveau des magistrats se développent des syndromes d'épuisement professionnel, des burn out, c'est très clairement identifié", a relevé M. Pavageau.

"D'autres juridictions sont peut-être dans une situation similaire, mais Toulouse n'est manifestement pas entendue", a-t-il dit, ajoutant: "on a du mal à comprendre".

Selon les magistrats, le TJ de Toulouse a besoin, pour travailler "convenablement", de 30 à 45 juges du siège supplémentaires et sept magistrats du parquet.

E.R. avec AFP