"On a trouvé des places magiques en prison?": l'idée de "peines minimales" de Darmanin fait débat

Trois jours après les violences qui ont émaillé la victoire du PSG en finale de Ligue des Champions, les comparutions immédiates se succèdent. De premières peines de prison ont été prononcées, ce mardi, à Paris, et vont de 5 mois avec sursis à 15 mois ferme avec mandat de dépôt.
De son côté, Gérald Darmanin veut durcir la réponse pénale. Il estime que ces peines ne sont "pas à la hauteur" et plaide notamment pour des peines minimales dès la première condamnation, ainsi que la suppression des peines avec sursis et la fin des aménagements de peine.
Une volonté qu'il souhaite appliquer rapidement. "J'espère que, dès la rentrée de septembre, nous puissions faire supprimer le sursis et mettre en place les peines minimales dans un projet de loi ou une proposition de loi", a précisé Gérald Darmanin sur le plateau de TF1, ce mardi.
François Bayrou ouvert aux peines minimales
Les propos de Gérald Darmanin ont agité toute la classe politique. Au Rassemblement national, on se réjouit d'un copier-coller du programme de Marine Le Pen. A droite, le député LR Olivier Marleix valide cette idée.
"On a des jeunes en France qui cumulent 15, 16, 17, 18 condamnations avec sursis. Qu'est-ce-que vous croyez qu'ils reçoivent comme message ? Allez-y, continuez, c'est pas grave, vous pouvez recommencer", déduit-il au micro de RMC.
Il affirme en outre qu'il est nécessaire de trouver des mesures "qui s'appliquent immédiatement".
La sortie du ministre de la Justice agace dans le clan Bayrou où l'un de ses proches y voit une forme de surenchère. Le Premier ministre ne reprend à son compte que l'idée de peine minimale, mais pas la suppression du sursis. Un proche temporise: "le calendrier parlementaire est plein comme un oeuf".
Aucun doute pour un conseiller de l'exécutif, "Darmanin fait de la politique, il lance un ballon d'essai".
Quid de la surpopulation carcérale?
Des critiques sur la surpopulation carcérale se sont également levées à la suite des propositions du ministre de la Justice.
"Il y a de la place dans les prisons ? On a découvert des places magiques dans les prisons ?", demande Béatrice Bellay, députée socialiste de Martinique. Et d'ajouter: "Vous les mettez où ?".
De leur côté, les socialistes ironisent sur la faisabilité, d'autant que la prison n'empêche pas la récidive, souligne l'Écologiste Sabrina Sebaihi.
"On a des prisons en surpopulation et, pourtant, on n'a pas le sentiment aujourd'hui que les faits de délinquance diminuent, au contraire. Donc, je ne suis pas certaine qu'en mettant une espèce de rustine avec des peines minimales on va régler le problème profond que traverse notre société", indique la députée des Hauts-de-Seine.
Le ministre répond à l'argument des cellules pleines avec l'ouverture, dans un peu plus d'un an, de prisons modulaires destinées notamment aux détenus condamnés à de courtes peines.
Gérald Darmanin veut, comme Bruno Retailleau, avancer vite. "Sur l'autorité, il y a consensus, un projet de loi passerait comme une lettre à la poste", prédit un conseiller ministériel.