"On l'appelle le miraculé": l'oncle d'Hedi, violemment frappé par des policiers, témoigne

Touché par un tir de flashball, puis violemment frappé par des policiers et laissé pour mort , Hedi, un jeune Marseillais de 21 ans, s’est confié sur la nuit qui a changé sa vie. À Konbini, il raconte la violence de son agression et les difficultés qu'il a à se remettre après un grave traumatisme crânien. Sa tête est déformée, un morceau de crâne lui ayant été retiré pour évacuer le sang entre son os et son cerveau. Employé dans l'hôtellerie-restauration, il ne comprend pas pourquoi il a été pris pour cible par quatre fonctionnaires de la Bac alors que des émeutes faisaient rage ce soir-là à Marseille. "Hedi, c’est un gosse qui a été préservé des cités", témoigne Stéphane, son oncle par alliance, dans "Les Grandes Gueules" ce jeudi sur RMC et RMC Story.
"Son père a fait le choix de partir à l’extérieur de Marseille pour lui donner une bonne éducation. C’est un jeune tranquille qui travaille. Ce soir-là, il était avec nous jusqu’à minuit, chez son papa, en famille. Puis il est parti à Marseille dans la foulée pour une fête", explique Stéphane.
Cette nuit-là, à Marseille, les émeutes sont violentes et "spectaculaires". "À cet âge-là, on pense toujours que le danger est loin. Ils se sont peut-être un peu trop approchés, ils ont peut-être suivi les hélicoptères et ils sont tombés sur le mauvais équipage", croit savoir son oncle.
"Ils ne voulaient rien savoir"
Hedi ignore toujours les raisons de ce déchaînement de violences. "On a croisé des policiers, on leur a dit bonsoir et on a vu qu'ils n'avaient pas envie de discuter avec nous. Ensuite, j'ai reçu un impact dans la tête. Je suis tombé au sol, j'ai voulu me relever et on m'a traîné dans un coin au sol et on a commencé à me frapper", explique le jeune à Konbini.
"À aucun moment, on ne m’a demandé mes papiers, ni ce que je faisais là. J’essayais de leur dire qu’ils pouvaient me fouiller, que je n’avais rien de dangereux. Mais ils ne voulaient rien savoir", raconte-t-il à Konbini.
Les quatre policiers soupçonnés d'avoir frappé Hedi ont été mis en examen pour violences en réunion. L'un d'eux a été placé en détention provisoire, provoquant un mouvement de colère au sein de la police nationale à Marseille. Un mouvement soutenu par le directeur général de la police nationale Frédéric Veaux et le préfet de police de Paris Laurent Nuñez.
"Il est très traumatisé mais il n’a pas de haine"
"Je ne jette pas l’opprobre sur la police, ils l’ont peut-être confondu avec quelqu’un qui leur avait cassé les bonbons toute la soirée", assure Stéphane, l'oncle d'Hedi. "Je ne généralise surtout pas, il ne faut pas être dans l’excès, ni d’un côté ni de l’autre", ajoute-t-il.
Aujourd'hui, Hedi peine à se remettre de ses blessures. "A La Timone, où il est hospitalisé, on l'appelle le miraculé. Tout le monde est surpris qu’il ait retrouvé ses facultés aussi vite. Il est très traumatisé mais il n’a pas de haine", conclut Stéphane.