"On rend des armes à des gamins": un maire démissionne après l'absence de poursuites contre un rodéo
Il jette l’éponge. Le maire de Quiévrechain, dans le Nord, a remis sa démission pour dénoncer un "dysfonctionnement" au sein de la lutte contre les rodéos urbains. "Aujourd'hui, j'ai l'impression de revenir en arrière. J'ai eu l'impression d'avoir été inutile, abandonné", déplore Pierre Giner.
La démission du maire de 32 ans (sans étiquette) intervient au lendemain d’une intervention de police. Le 8 mars, un jeune homme de 17 ans roule sans casque sur une moto non immatriculée et refuse à deux reprises d'obtempérer avant que les policiers municipaux l'arrêtent. Conduit au commissariat, les forces de l’ordre se voient ordonner par le parquet de Valenciennes de le relâcher et de lui rendre sa moto. "Les faits reprochés au jeune homme ne sont nullement des faits de rodéo urbain", précise la procureure.
Des investissements municipaux pour rien?
Dans "Les Grandes Gueules" ce mercredi sur RMC et RMC Story, le maire Pierre Griner assure n’avoir eu aucune précision depuis. "Il y a eu un communiqué qui disait simplement que les faits n’étaient pas qualifiés comme rodéo urbain. Le magistrat avait toute la latitude pour saisir la moto mais il a estimé qu’il fallait la rendre", déplore l’élu, qui ne cache pas sa colère après avoir investi dans la sécurité publique.
"On nous demande de mettre en place des polices municipales et des caméras de vidéo protection. Dans ma commune, il y a 6.000 habitants, j’ai un budget de 8 millions d’euros, j’ai 500.000 euros de caméras. J’ai six policiers municipaux, ça me coûte 400.000 euros par an. On met tout en œuvre pour faire respecter la tranquillité publique et quand on en attrape un, ce que j’attends de la part de la justice, c’est qu’on ne rende pas la bécane", peste l’élu.
Les autres infractions pas retenues?
S’il comprend le simple rappel à la loi pour le contrevenant, primo-délinquant de 17 ans qui ne s'était pas fait remarquer avant ça dans la commune, il déplore que les infractions comme le non-respect des stops, des sens interdits, tombent à l'eau en raison de cette décision.
Pierre Griner déplore le départ de l'ancien procureur. "Il avait tout compris, il nous disait qu'on ne pouvait pas demander aux élus locaux et à l'Etat de mettre des moyens sur la prévention, la sécurité publique, la médiation et voir le parquet trembler pour prendre une décision au moment de décider de poursuites", regrette l'élu. "On rend des armes à des gamins", conclut-il.
Le gouvernement avait pourtant fait de la lutte contre les rodéos urbains l'une de ses priorités après plusieurs accidents graves ou encore le meurtre d'un Afghan à Colmar en août dernier. Pour lutter contre le phénomène, le ministre de l'Intérieur avait plaidé pour une intensification des contrôles notamment, ainsi que la saisie et la destruction immédiate des véhicules impliqués.