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"On se dit, ça aurait pu être nous": Alexandra a côtoyé, sur place, 3 des 6 victimes françaises de l'attaque au Niger

Alexandra a travaillé pour l'ONG ACTED au Niger pendant un an comme humanitaire. Elle raconte ses souvenirs sur place.

Dimanche, quatre hommes et quatre femmes âgés de 25 à 50 ans ont été tués par des hommes armés arrivés à moto dans la zone de Kouré au Niger. Sept d'entre eux dont les six Français faisaient partie de l'ONG Acted. Ils étaient venus observer les girafes dans ce parc situé à moins d'une heure de route de la capitale nigérienne. Alexandra a travaillé là-bas pendant un an comme humanitaire. Elle a côtoyé sur place 3 des 6 victimes françaises, et le chauffeur nigérien.

Ses anciens collègues étaient courageux, pas insouciants insiste Alexandra. Rentrée à Paris depuis quelques mois et très touchée par l'attaque.

"Ce sont des gens qui ne prenaient aucun risque. Si tu as tel endroit où tu ne peux te rendre, tu as quand même des gens qui te disent, bon un jour, je suis allé boire un verre là-bas. Eux ça, ils le respectaient plutôt bien. Ils ont envie de se rendre utile, ils ont envie de travailler sur le terrain. Le fait d’avoir été ou ils ont étaient c’est très compliqué à gérer parce qu’on se dit ça aurait pu être nous”, affirme-t-elle. 

Pas assez protégés ? 

Avec le même chauffeur, Alexandra est aussi allée photographier les girafes. Elle est sidérée qu'une attaque survienne dans la réserve, l'une des seules sortie permise aux employés de l'ONG avec des règles de sécurité très strictes. “C’est tellement lourd à organiser, il y a tellement d’autorisation à demander, qu’on n’y va qu’une fois. Et le jour J, à l’heure qu’on t’a indiqué, tu préviens ‘je pars’, ‘je suis arrivé’. On y reste très peu de temps et après hop c’est retour. C’est un endroit vraiment où on ne se sentait pas en insécurité. Donc on ne comprend pas pourquoi on s’en est pris à des humanitaires”, indique-t-elle. 

Suite à ce drame, dans l'une des zone les moins dangereuses du pays selon le Quai d'Orsay la conclusion de l'ONG Acted et de son avocat, Maitre Joseph Breham est limpide : la communauté internationale ne protège pas assez les humanitaires.

“Les diplomates, sont extrêmement bien protégés, et les humanitaires ne sont pas protégés du tout et pour autant, on va leur demander d’aller faire le plus sale boulot et le plus dangereux”, dénonce-t-il. 

Il faut de nouvelles lois et que la communauté internationale se mobilise implore-t-il pour que les humanitaires cibles prioritaires, aujourd'hui, redeviennent les acteurs intouchables et sacrés qu'ils étaient.

Nicolas Traino avec Guillaume Descours