Policiers tués à Avignon et Rambouillet: "En 30 ans, le risque de décès pour un policier a été divisé par trois", assure un chercheur du CNRS

Cinq jours après le meurtre par balle d'un policier à Avignon, quatre personnes ont été interpellées dimanche soir à un péage à une vingtaine de kilomètres de la cité des Papes, soupçonnées d'être impliquées dans la mort du fonctionnaire. Un ouf de soulagement, quelques heures après un hommage ayant réuni une foule émue devant l'hôtel de police d'Avignon, deux jours avant un hommage national prévu mardi lors d'une cérémonie présidée par le Premier ministre Jean Castex et le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
Car la profession est à nouveau meurtrie quelques semaines après l'assassinat d'une policière à Rambouillet. Face à ce qu'ils ressentent comme une montée de la violence envers eux, les policiers appellent à une marche citoyenne le 19 mai prochain.
Mais pourtant, les policiers ne seraient pas autant en danger qu'il y a quelques années: "Il n'y a pas d'émotion sur les chiffres. Quand quelqu'un meurt, il y a une raison de s'émouvoir. Mais sur 30 ans, le risque de décès pour un policier dans l'exercice de ses fonctions a été divisé par trois. C'est ce que l'on observe et c'est très net", assure ce vendredi sur RMC, Sébastian Roché, directeur de recherche au CNRS.
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"L'émotion, il ne faut pas la laisser de côté"
Une analyse que ne partage visiblement pas Emmanuel Macron: "C'est une réalité de dire qu'il y a de la violence dans notre société et qu'elle enfle", a assuré le président de la République samedi lors d'une conférence de presse à l'issue du sommet social européen à Porto.
"Emmanuel Macron s'est trompé. Il y a moins d'homicides qu'il y a 20 et 30 ans donc il y a moins de violences. Si les personnes ne veulent pas connaître les statistiques de la violence qu'ils ne la regardent pas. Les policiers sont moins souvent tués, parce qu'il y a moins de violence donc, mais aussi parce qu'ils sont mieux équipés, ils ont plus de protections qu'ils ne portaient pas il y a 30 ans", plaide Sébastian Roché.
C'est l'émotion qui conditionnerait cette impression d'augmentation de la violence avance-t-il, arguant également que cette émotion serait bénéfique pour permettre le recul des violences volontaires: "L'émotion, il ne faut pas la laisser de côté. C'est l'émotion qui fait la diminution des homicides. Il y a une tendance depuis le Moyen-Âge qui s'appelle la civilisation des mœurs et un rejet de la violence volontaire. Cette émotion traduit le rejet et c'est le moteur de cette diminution", conclu Sébastian Roché.
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