Présidentielle: pourquoi Eric Zemmour peut être candidat malgré des condamnations judiciaires
Le candidat Zemmour est rattrapé par les propos du polémiste Zemmour, en pleine campagne, avec deux affaires cette semaine devant la justice. Dans la première affaire, on lui reproche ce qu’il avait dit sur CNews en septembre 2020 en parlant des migrants mineurs isolés: "Ils n’ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs". La présentatrice Christine Kelly avait timidement tenté de le contredire en disant "pas tous". Il avait répondu "si tous", avant de nuancer un peu plus tard dans l'émission.
Pour ces propos, Eric Zemmour a été poursuivi pour provocation à la haine et injures raciale. Le tribunal correctionnel de Paris l'a condamné ce lundi à 10.000 euros d'amende pour provocation à la haine. Son avocat a annoncé qu'il allait faire appel de cette décision. La chaîne CNews a déjà été condamnée à 200.000 euros par le CSA.
Et dans l’affaire de "Pétain" que lui reproche-t-on ? Ce sont, de nouveau, des propos tenus sur CNews qui sont attaqués. Eric Zemmour était face à Bernard-Henri Lévy en octobre 2019 et il avait estimé que le maréchal Philippe Pétain "a sauvé les juifs français". Idée qu’il a souvent défendu depuis la parution de son livre "Le suicide français" en 2014.
Idée contestée par un certain nombre d'historiens dont Jacques Semelin, qui a travaillé 10 ans sur la question et qui estime que 75% des juifs en France ont effectivement échappé à la mort. Mais selon lui, non pas grâce à Vichy, mais plutôt en dépit de Vichy. 24.000 juifs français ont été exterminés dans les camps nazis, la plupart après avoir été arrêtés ou détenus par la police de Vichy.
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Zemmour, souvent poursuivi, déjà condamné deux fois
Mais des propos peuvent être historiquement faux sans pour autant être répréhensibles pénalement. Au procès en première instance en février, le tribunal a jugé que ces déclarations d’Eric Zemmour avaient certes un caractère négationniste, mais que ce n’était pas une minoration “outrancière” du crime contre l’Humanité. Eric Zemmour a donc été relaxé. Le parquet a fait appel et le nouveau procès est prévu ce jeudi.
En tant que journaliste et polémiste, Eric Zemmour a souvent été poursuivi. Il a définitivement condamné deux fois. Une première pour des propos en mars 2010 sur Canal+, justifiant les contrôles au faciès, en expliquant que la plupart des trafiquants de drogues sont noirs ou arabes. 2000 euros d’amendes pour provocations à la haine. Une deuxième fois pour des déclarations en 2016 dans C à Vous sur “l’invasion musulmane”. 3000 euros d'amende pour provocation à la haine religieuse.
Depuis 10 ans, il a fait l’objet de 16 procédures. Il a été quatre fois relaxé et plusieurs procédures sont en cours. Il doit encore être jugé pour injure raciale envers la député insoumise Danièle Obono, ce sera en octobre prochain. Le mois suivant, il sera devant le tribunal pour avoir dit à la chroniqueuse Hapsatou Sy que son prénom était une insulte à la France. Puis, en 2023, est déjà programmé un procès pour des propos jugés homophobes.
Entre-temps, dès la fin du mois, il devra aussi répondre pour contrefaçon de droits d’auteur. C’est l’affaire de son clip de campagne qui contenait 114 images dont il n’avait pas les droits.
Mais ces condamnations, anciennes ou à venir, ne l'empêchent pas d'être candidat. Parce que l’on n'a pas besoin d’avoir un casier judiciaire vierge pour se présenter à une élection. On peut même avoir fait de la prison et être candidat. La seule condition est de ne pas être sous le coup d’une condamnation à une peine d'inéligibilité. Ce qui n’a jamais été le cas pour Eric Zemmour.
En fait, il faut un casier vierge pour être prof, ou pompier, ou ambulancier, mais pas pour être président.