Procès de l'assassinat de Samuel Paty: "Mon frère est mort pour rien", déplore sa sœur

Le procès de l'assassinat de Samuel Paty touche à sa fin. Le verdict est attendu ce vendredi, en début de soirée, pour les huit personnes impliquées à des degrés divers dans l’assassinat le 16 octobre 2020 du professeur d’histoire-géographie par un islamiste radical tchétchène.
Mais déjà, sa sœur Mickaëlle Paty déplore des réquisitions trop faibles, alors que le parquet antiterroriste a requis contre eux des peines comprises entre 18 mois de prison avec sursis et 16 ans de réclusion criminelle. "Mon frère est mort pour rien", souffle-t-elle ce vendredi sur RMC et BFMTV, redoutant des condamnations suivant les réquisitions "très faibles".
"On nous a expliqué que c'étaient ces accusés les vrais méchants. Mais je pense qu'il va falloir se pencher sur les autres responsabilités", poursuit Mickaëlle Paty, visant l'Etat, l'administration, "certains de ses collègues peut-être", le référent laïcité et les renseignements territoriaux.
Car une enquête pénale est toujours en cours, alors que Samuel Paty avait plusieurs fois alerté de menaces pesant contre lui, et qu'il était accusé à tort sur les réseaux sociaux par des islamistes d'avoir obligé des élèves à regarder des caricatures. "Ni l'Education nationale, ni les renseignements territoriaux n'avaient l'idée qu'il pouvait être tué, à part mon frère lui-même", déplore-t-elle.
"On aurait dû faire quelque chose de sa mort"
"Je pense que mon frère est mort pour rien, mais je pense qu'on aurait dû faire quelque chose de sa mort", poursuit Mickaëlle Paty. Depuis la mort de Samuel Paty, d'autres enseignants ont été menacés pour des questions de laïcité et l'un d'eux, Dominique Bernard, a même été tué à Arras par un islamiste radical.
"L'assassinat de mon frère a entraîné une désinhibition de tout le monde à agir avec violence, a minima verbale et parfois physique, avec des claques sur un enseignant il y a quelques jours", alerte-t-elle.
Les excuses "victimaires" d'un accusé central
"Tout ça, ça ne s'arrête pas. Les parents d'élèves sont peu inquiétés, il faut qu'il n'y ait plus de passage à l'acte et il faudrait montrer une extrême fermeté avec des sanctions à la hauteur pour que les uns et les autres réfléchissent à ne pas agir comme tel envers le corps enseignant", insiste Mickaëlle Paty.
Jeudi, avant que la cour ne se retire pour délibéré, les huit accusés ont pris une dernière fois la parole. Abdelhakim Sefrioui, le militant islamiste de 65 ans, a une nouvelle fois clamé son innocence, assurant que "tout son être rejetait le terrorisme". Brahim Chnina, le père de la collégienne qui a menti sur le cours du professeur assassiné, a présenté des excuses: "Je regrette, j'ai été égoïste, je voulais défendre et protéger ma fille mais j'ai tout raté". Des mots jugés "peu convaincants" et "victimaires" par les parties civiles.
"Toute la salle s'est offusquée de ces mots. Pendant tout le procès, personne n'a remis en question ses propres agissements", déplore Mickaëlle Paty. Le tribunal doit rendre son verdict ce vendredi en fin de journée.