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Procès des viols de Mazan: l'enfance parfois violente des accusés mise en lumière

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Au procès des viols de Mazan, 13 des 51 accusés disent avoir subi des violences sexuelles dans leur enfance. Un seul d'entre eux avait déjà porté l'affaire en justice. Son médecin de famille et premier confident des faits subis à l'époque a voulu témoigner à la barre et explique pourquoi à RMC.

Au procès des viols de Mazan, l'enfance des accusés fait l'objet de débat en chaque début de semaines. Souvent émaillées de maltraitances, au fur et à mesure des audiences, on découvre que 13 des 51 accusés disent avoir subi des violences sexuelles avant l'âge adulte, soit près d'un quart des accusés. Sur les 51 accusés de ce procès hors norme, 36 ont défilé les semaines précédentes, depuis le 2 septembre, devant la cour criminelle du Vaucluse, dont le verdict est attendu pour le 20 décembre.

La majorité n’en avait jamais parlé avant d’être mis en cause pour viols. Il a fallu qu'on leur pose la question pour qu’ils confient avoir été victimes dans l’enfance. Agressés par un inconnu, un oncle, un cousin... Dominique Pelicot lui-même accuse un infirmier de l’avoir violé.

Un seul avait déposé une plainte

Seul un accusé avait porté l'affaire en justice jusque-là, le père de sa famille d’accueil a d'ailleurs été condamné.

Ludovick B, 39 ans, lui, s’est décidé à déposer plainte contre son ancien voisin depuis la prison. Encouragé par son médecin de famille, qui a été son premier confident à l'âge adulte.

"Je tenais à témoigner car j'ai connu un gamin normal, gentil, respecteux. Plusieurs années après j'ai retrouvé un ado anxieux avec un masque de souffrance", assure-t-il.

"Quand il a été arrêté pour l'affaire en cours, je me suis dit qu'il fallait raconter son passé pour qu'on puisse comprendre. Je ne suis pas scientifique mais je suis persaudé qu'il n'aurait jamais été ici aujourd'hui s'il n'avait pas rencontré cet agresseur il y a longtemps", plaide-t-il.

Entre 1 enfant sur 5 et 1 sur 10 touché

"Toutes les victimes de viols ne deviennent pas auteurs", nuance de son côté une psychologue à la barre. Mais elle a ajouté: "C’est une entrée dans la sexualité sous le signe de l'interdit et de la transgression".

En 2010, le Conseil de l'Europe estimait à 1 mineur sur 5 victime de violences sexuelles, les enquêtes de victimation sur la base de déclarations en France sont plutôt autour de 13% des filles victimes avant leur majorité et 6% des garçons.

Marion Dubreuil (édité par J.A.)