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Police-Justice

Procès des viols de Mazan: une première vidéo diffusée, la salle d'audience sidérée

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La cour criminelle du Vaucluse a projeté ce jeudi les premières vidéos filmées par Dominique Pelicot. L’accusé entendu, Jacques C., nie toutes accusations de viol.

Pour la première fois, les vidéos des viols filmés par Dominique Pelicot ont été diffusées ce jeudi au procès des viols de Mazan. Gisèle Pelicot, la victime, a accepté qu'elles le soient, uniquement sur les écrans de la cour accessibles aux médias, et non au public.

La cour criminelle du Vaucluse a confronté le premier accusé, Jacques C., qui niait les faits de viols, en diffusant 10 photos et trois courtes vidéos prises dans la chambre du couple Pelicot en présence de cet homme.

Sidération dans la salle d'audience

Le silence a résonné dans la salle avant les sons des enregistrements entêtants. Les ronflements de Gisèle Pelicot, qui ne laissent aucun doute, et la respiration sourde des deux accusés auprès de son corps inerte. Bras ballants, bouche entrouverte, on la découvre en lingerie noire, les yeux clos, un corps lourd manipulé par deux hommes. Parmi eux, son ex-mari Dominique Pelicot ainsi que Jacques C., cet homme de 74 ans qui concède des caresses mais conteste les viols.

Dans la salle, la majorité des accusés a la tête baissée, les yeux rivés vers le sol. Après quelques secondes, Gisèle Pelicot détourne le regard, entourée par une association d’aide aux victimes et ses avocats. Sans ses enfants, qu’elle a souhaité protéger de l’insoutenable. Plusieurs minutes d’images qui défilent où elle est un objet entre les mains de deux hommes.

L’accusé est comme saisi, les yeux rivés sur les écrans. “Après avoir vu le film, vous en dites quoi?”, lui demande l’avocat général. Sans considération pour la victime, l’accusé répond: “J’attends encore de me voir pénétrer ce sexe”. Jacques C. admet avoir profité de Gisèle Pelicot inconsciente, mais il conteste les viols.

Une diffusion "pour faire du sensationnel"

Son avocat Me Louis Alain Lemaire dénonce une diffusion sensationnelle: “Je crois qu’il est établi de façon éclatante que Monsieur C. n’a commis aucun acte de pénétration".

"Pour quelles raisons l’avocat général a demandé à ce qu’il soit visionné? Peut-être pour faire du sensationnel”, s'indigne-t-il.

“Moi, j’étais aux premières loges, a déclaré Dominique Pelicot depuis le box. Il y a bien eu pénétration." Son avocate Me Béatrice Zavarro partage cette interprétation: “Effectivement, il n’y a pas pénétration par le sexe, mais il y a une pénétration, à mon sens, par la langue et par le doigt".

"Je pense que ça donne le ton surtout du climat qui va régner quand on va se retrouver face à un homme qui conteste”, ajoute-t-elle.

La cour a la possibilité de requalifier les faits en agressions sexuelles aggravées. Dans ce cas, Jacques C. risquerait 10 ans de prison contre le double pour viols. Reste qu’il est également poursuivi pour un viol en co-action imposé par Dominique Pelicot à son épouse en sa présence.

SG avec Marion Dubreuil