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Procès du cardinal Barbarin: "Ils ne comprennent pas la gravité de l'acte"

Le cardinal Barbarin et 5 autres prévenus sont présentés à partir de ce lundi au tribunal correctionnel de Lyon, notamment pour "non-dénonciation d'agressions sexuelles". Christine Pedotti de la revue "Témoignage chrétien" a tenté ce matin sur RMC de décrypter la personnalité de ces hommes pieux.

Le cardinal Philippe Barbarin est jugé pour "non-dénonciation d'agressions sexuelles" à partir d'aujourd'hui. Pendant trois jours l'homme de 68 ans comparait devant le tribunal correctionnel de Lyon avec 5 autres prévenus, d'anciens responsables du diocèse.

Une procédure de citation directe initiée par dix victimes pour ne pas avoir dénoncé des agressions sexuelles commises par le Père Preynat sur de jeunes scouts entre 1986 et 1991, un scandale qui avait fait éclat en 2015. Le cardinal Barbarin a demandé "au seigneur que s'accomplisse le travail de la justice" et assure qu'il répondra aux questions des juges.

"Depuis le départ, on met en évidence la responsabilité du diocèse de Lyon qui protège depuis 25 ans un pédophile", a dénoncé François Devaux, cofondateur de La Parole libérée, l'association à l'origine des révélations.

"Ils disent: 'On ne savait pas, on ne comprends pas'"

Christine Pedotti, directrice de la revue "Témoignage chrétien" était l'invitée de Jean-Jacques Bourdin ce lundi matin pour tenter de décrypter la personnalité des accusés qui semblent ne pas comprendre la gravité de leurs actes.

"Le cardinal Barbarin considère qu'on est dans le monde du pêché du repentir. Et que du coup on sera sauvé par la prière et que l'on va guérir les coeurs. Je crois qu'il fait cette erreur depuis le départ. Le sujet, c'est la justice, c'est de savoir ce qui a été fait ou pas fait, ce que lui n'a pas fait ou aurait dû faire. Je suis croyante, c'est bien de prier, mais la justice va opérer et il ne s'agit pas que de guérir les coeurs. Il y a un examen de conscience à faire, et la justice va le faire pour lui."

"Ces hommes, qui devraient être plein d'humanité, sont incapables de comprendre de quoi il s'agit"

Christine Pedotti rappelle que les chrétiens ne sont pas les serviteurs des évêques, qui sont au contraire "à leur service pour annoncer l'évangile". Ils ont ainsi un rôle de surveillants qui n'est dans ce cas pas accompli. "Là en l'occurrence, le cardinal Barbarin n'a pas fait le travail. Il pense qu'il y a quelque chose entre Dieu et lui. Mais il n'a pas l'exclusivité de ce qu'il se passe avec Dieu."

"Je ne pense pas que cet homme soit foncièrement mauvais. Ce qui est terrible c'est que ces hommes généreux ne comprennent pas la gravité de l'acte car ils sont dans un monde... (pause) Quand j'ai été regarder les textes de près, ils disent que c'est "un viol de la chasteté" quand un prêtre viole un enfant. Mais non, c'est le viol du corps d'un enfant. La chasteté c'est une idée, le viol d'une idée c'est grave, mais violer le corps d'un enfant ça c'est vraiment grave."

"Ce qui m'a intéressé c'est de me demander pourquoi ces hommes-là, que je connais, qui devraient être plein d'humanité sont incapables de comprendre de quoi il s'agit. Ils disent, on ne savait pas, on ne comprends pas", conclut Christine Pedotti. Une forme de déni qui les conduit devant la justice et qui a gravement atteint l'image de l'Eglise dans l'opinion publique. 

Cette affaire a fragilisé le cardinal, dont la démission a été réclamée jusqu'au sein même de l'Eglise. La pétition lancée en août par le père Pierre Vignon, prêtre dans le Vercors, a recueilli plus de 105.000 signatures.

J.A. avec Bourdin direct