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Procès du tueur de DRH : "Gabriel, explique-leur le pourquoi" implore la mère de l’accusé

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Poursuivi pour le meurtre de trois personnes, Gabriel Fortin a mis en cause la justice au premier jour de son procès aux assises de Valence, mardi, devant sa mère et son frère, venus témoigner.

Gabriel Fortin, chauve et corpulent, chemise bleue claire ample, s’est levé pour dénoncer les procureurs de Chartres, Nancy et Valence, "levez vous Monsieur", a-t-il intimé à l’avocat général en robe rouge face à lui, lors du premier jour de son procès, aux assises de Valence, mardi.

Poursuivi pour le meurtre de trois personnes, dont deux DRH, le suspect a affirmé qu’il avait adressé à ces magistrats de nombreux courriers pour se plaindre d’intrusion d’atteinte à la vie privée. Des lettres restés sans réponse. Il juge ce mercredi ces procureurs responsables de la situation.

Une relation distante avec sa mère

Comme un disque rayé enfermé dans sa logique, Gabriel Fortin a affirmé que cette "affaire était réglée" et a refusé de dire un mot à sa mère, venue témoigner. Francine Fortin, 78 ans, en béquilles, a des trous de mémoire et un filet de voix fragile. C’était une mère sévère attachée à la réussite scolaire. 

Avec son fils Gabriel, elle partageait des "promenades et des activité". Elle a confié qu’elle ne connaissait pas, dans le détail, sa situation professionnelle et n’en parlait pas avec lui. 

Elle lui a transmis la valeur du travail, mais également sa paranoïa et son complotisme. À la barre, la septuagénaire a expliqué avoir été harcelée. Elle a dénoncé des intrusions à son domicile et, comme son fils Gabriel, expliqué avoir espacé leurs échanges téléphoniques car elle se savait sous écoute. 

De son fils, elle ne sait pas grand chose, à peine peut-elle le qualifier de "discret", "passionné d’aviation" et "serviable". Mais elle a fondu en larmes quand elle a réalisé qu’il était dans la salle, à deux mètres à peine d’elle. La dernière fois qu’elle l’avait vu, c’était en janvier 2021, 15 jours avant les faits.

Il lui était apparu "déprimé", elle n'en savait pas pourquoi. Le visage couvert de larmes , elle s’est adressé, enfin, à son fils : "Gabriel pourquoi tu ne m’as pas parlé, j’aurais essayé de t’aider, explique leur pourquoi, pour les gens, je ne sais pas ce qu’ils t’ont fait."

"Explique leur pourquoi tu as fait ça, ils ont besoin de savoir pour faire leur deuil", a-t-elle poursuivi.

Gabriel Fortin est resté impassible, il n’a pas voulu lui adresser un mot. Elle a quitté la salle en larmes. C’était peut-être la dernière fois qu’elle voyait son fils. 

Une mère schizophrène paranoïaque

Son fils aîné, Olivier, est venu témoigner après elle. C’est tout l’opposé de Gabriel Fortin. Cet enseignant chercheur est père de famille, la silhouette élancée. Il décrit une enfance heureuse malgré un père absent. Un chercheur qui est rentré au Gabon avant la naissance de Gabriel, Olivier porte son nom, pas Gabriel. 

Olivier voyait rarement son frère, ils avaient des personnalités différentes, ils ne se voyaient qu’à Noël épisodiquement. La dernière fois à l’issue du confinement, "il parlait de chloroquine et Raoult, ça m’avait perturbé"a-t-il expliqué à la barre. 

"Je savais qu’il y avait un problème, mais je ne pensais pas que c’était un psychopathe à ce point", a confié le frère de l'accusé.

"D’après une amie neurologue, ma mère est schizophrène paranoïaque. Je pense que mon frère a exactement le même problème, ou une maladie très proche", a-t-il ajouté.

L’instruction n’a pas permis d’établir de pathologie chez Gabriel Fortin car il a refusé de se faire expertiser par les psychiatres. Le procès va se poursuivre, le verdict est prévu au 30 juin. Gabriel Fortin risque la prison à perpétuité.

"Tueur de DRH": le podcast évènement de RMC

En partenariat avec Paradiso Media, RMC lance un podcast évènement sur l'affaire du "tueur de DRH". Ce procès, qui débute ce mardi 13 juin à Valence, se déroulera sur trois semaines et sera couvert par Marion Dubreuil, journaliste judiciaire chez RMC. En direct du tribunal, la journaliste, qui suit et documente l’affaire depuis un an et demi, rendra compte à l’antenne et dans ses podcasts du déroulement de l'audience.

>> Le podcast "Tueur de DRH"

Marion Dubreuil