Procès Le Scouarnec: ces chiens d'assistance qui aident les victimes en "captant les émotions"

La deuxième semaine du procès du pédocriminel Joël Le Scouarnec s'est achevée vendredi, à Vannes. L'ex-chirurgien, aujourd'hui âgé de 74 ans, est jugé par la cour criminelle du Morbihan pour des viols et agressions sexuelles sur près de 300 patients, souvent mineurs au moment des faits. Il encourt une peine maximale de 20 ans de réclusion et le verdict est attendu au 6 juin.
Pendant tout le procès, des victimes sont accompagnées par l'association France Victimes 56 et des chiens d'assistance judiciaire, formés par Handi'Chiens. "Leur travail est de venir capter les émotions, de se laisser caresser, poser la tête sur les genoux", explique sur RMC Florian Auffret, éducateur chez Handi'chiens.
"Cela permet aux victimes de se décentrer de ce qu'ils peuvent entendre". Ils sont dix en tout à se relayer dans la salle de retransmission ou la salle d'audience. Dans celle-ci, deux chiens sont présents chaque jour. "Un qui peut être appelé à la barre, à l'avant, et un autre à l'arrière, en cas de départ de la salle ou d'émotion extrêmement forte", développe Florian Auffret.
"Ils ne jugent pas, ils n'ont pas de pitié dans le regard"
Ces chiens d'assistance judiciaire, souvent de race golden retriever ou labrador, selon l'éducateur, "ne jugent pas, ils n'ont pas de pitié dans le regard". "Ils ont un contact très serein. On sait que quand un caresse un animal, on s'apaise, cela fait baisser la pression artérielle", dit-il afin d'expliquer leur utilité lors des audiences. Ils peuvent également permettre aux victimes de mieux "verbaliser" leurs propos, même "si n'est pas notre rôle", souligne Florian Auffret.
L'initiative a été lancée en 2006 aux Etats-Unis, par une procureure et un vétérinaire, avant de s'implanter en France en 2019, en collaboration avec la gendarmerie, le parquet et la Fondation Adrienne et Pierre Sommer, relate l'éducateur. "C'est la première fois qu'on assiste à un si grand procès" (celui de Le Scouarnec, NDLR) mais les chiens d'assistance sont présents lors des assises et auditions de mineurs au sein de la gendarmerie, détaille-t-il.
Formation de 2 ans
Les chiens sont ainsi formés pendant 2 ans, afin "d'exploiter leur plein potentiel comportemental." "Ils sont spécialement sélectionnés pour cette mission, en raison de leur empathie, parce qu'ils sont doux et peuvent gérer des émotions fortes". Pour autant, des procès comme celui du pédocriminel Joël Le Scouarnec, très éprouvants pour les victimes, le sont aussi pour les animaux.
"On prend le temps le matin de faire 1h30 de sortie détente, de course, pour que le chien puisse vraiment gérer tout ce surplus d'émotions et soit complètement disponible. On à la chance, à Vannes, d'avoir un parc à côté du tribunal, on le détend pendant les suspensions et quand le chien en a besoin".
Actuellement, 23 chiens d'assistances judiciaire sont attribués en France, selon Florian Auffret. "Il faut que ça se développe. Leur utilité n'est plus à prouver". Handi'Chiens entend désormais créer un "code de bonne pratique", en collaboration avec France Victimes.