"Que font les ministres?": coup de gueule d’Emmanuel de Villiers après l’agression d’un policer à Tourcoing

L’affaire de l’agression d’un policier de la BAC de Tourcoing (Nord), roué de coups jeudi dernier lors d’une intervention pour un vol de trottinette, continue de soulever la colère dans les rangs policiers. Alors que cinq adolescents ont été mis en examen, ils ont tous été remis en liberté sous contrôle judiciaire strict, selon la procureure de Lille.
Un rassemblement a eu lieu ce vendredi devant le commissariat de Tourcoing, en soutien au policier agressé. Le parquet a annoncé faire appel de la remise en liberté d’un des majeurs impliqués.
Les agresseurs remis en liberté: "Il a pris un deuxième coup"
Pour Frédéric Moncheaux, secrétaire départemental adjoint Nord du syndicat Alliance, le choc est immense. "On fait un grand appel à tous les collègues pour venir en soutien à notre collègue. Il va mal, quand on voit une décision de justice comme celle-ci… psychologiquement, il a pris un deuxième coup", déclare-t-il ce vendredi sur RMC.
Le syndicaliste dénonce une "impunité" inquiétante : "On frappe, on essaie de voler l’arme… Heureusement, on ne lui a pas pris son arme de service. Ce n'est plus possible de voir de tels comportements.Il faut que ça s’arrête", poursuit-il au micro des Grandes Gueules.
Le syndicat Alliance demande des mesures plus fermes : "La détention provisoire et le mandat de dépôt, on aurait pu garder ces jeunes en prison. La loi existe déjà, mais il faut la renforcer : dès qu’on touche à un policier ou un gendarme, faut la prison tout de suite, même en attendant le procès. Vu la violence… c’est un lynchage en direct, médiatisé, retranscrit en vidéo, où on rigole. Ce n’est plus possible."
"C’est la gestion de l’injustice"
Un avis partagé par Emmanuel de Villiers, qui accuse la justice d’impuissance. "On pense à tous les ministres de la Justice, au Premier ministre, au chef de l’État… Qu’est-ce qu’ils foutent quand ils arrivent à leur bureau ? Ils ne voient pas les problèmes? C’est quand même pas des trucs compliqués à comprendre !", s'indigne-t-il .
Et d’ajouter: "L’image de la Justice, c’est la balance. On voit bien qu’avec une agression pareille, ça demandait une réponse extrêmement forte. Là, c’est plus de la justice, c’est la gestion de l’injustice. Le type libéré représente un danger", considère Emmanuel de Villiers, qui craint une dérive vers le "far-west".
Guillaume, policier en Lozère, raconte à RMC une autre agression récente : "Ça s’est passé dans la nuit de dimanche à lundi. Une intervention banale pour un différend de voisinage. Au moment de l’interpellation, ça a dégénéré : morsures, étranglement… un collègue mordu, un autre étranglé pendant plus de dix secondes. Ça l’a beaucoup touché psychologiquement. On n’est pas épargnés sur les petits territoires." Cette fois-ci, la justice a été plus ferme : "Le parquet a fait une réponse ferme, on s’en félicite. L’auteur a pris deux ans de prison ferme."
"C’est toute la fonction publique qui souffre"
Mathieu, sapeur-pompier dans le Cantal, estime que "c’est la corporation globale de la fonction publique qui souffre". Il dénonce une culture du "pas de vagues" : "Quand un fonctionnaire vient se plaindre, son supérieur va essayer d’enterrer l’affaire. On l’a vu avec l’institutrice qui s’est suicidée dans le Cantal. Y a énormément d’affaires qui ne remontent pas, tout le monde le sait."
Un appel à un "électrochoc"
Le syndicat Alliance parle d’"abandon scandaleux" et d’"une honte absolue pour ceux qui protègent". Emmanuel de Villiers réclame un durcissement des textes : "Il faut changer les bouquins des juges qui leur permettent de prendre ces décisions aberrantes." Pour Frédéric Moncheaux, il va falloir un "électrochoc".