Révoqués pour "racisme", des policiers de Rouen réclament leur réintégration

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Nous vous en parlions depuis la révélation de l'affaire. Le rapporteur public du tribunal administratif de Rouen a demandé mardi l'annulation de la révocation d'un policier et la confirmation de celle d'un autre, dans une affaire de propos racistes visant un ex-collègue noir. Le tribunal rendra sa décision "sous quinzaine", a précisé son président Jérôme Berthet-Fouqué.
Les propos visés ont été tenus sur la messagerie WhatsApp où la victime, qui a porté plainte fin 2019, a notamment, à de nombreuses reprises, été traitée de "nègre" faisant "n'importe quoi parce que c'est un noir".
Mardi, le rapporteur public Thomas Bertoncini a préconisé "l'annulation" de la révocation d'un des policiers.
"Il y a une difficulté sur le caractère proportionné de la sanction. Il est celui qui a le moins participé aux échanges. Il est qualifié comme étant le plus discret par l'enquête administrative", a justifié le rapporteur. "Il a indiqué ne pas lire tous les messages écrits. Il n'y a que cinq messages tenus qui lui sont reprochés, tenus sur deux jours: 'les noirs, c'est le futur', 'c'est du travail de noir, les blancs, c'est autre chose'" , a poursuivi le magistrat. "Il est qualifié de sérieux et fournissant un travail de qualité par son administration", a-t-il ajouté.
Le rapporteur a en revanche demandé le rejet de la requête d'un second policier qui demandait lui aussi l'annulation de sa révocation.
A son propos, "l'administration ne s'est pas fourvoyée", a estimé M. Bertoncini. Le fonctionnaire "a produit environ une cinquantaine de publications sur ce compte Whatsapp. Leur caractère raciste, antisémite, misogyne, discriminatoire, ne fait aucun doute à leur lecture", a argumenté le magistrat. En outre le fonctionnaire "a déjà fait l'objet d'une sanction, un blâme, en 2018", a ajouté le magistrat.
Son avocate Marie-Perrine Philippe a elle assuré que le policier était "en grande dépression" et avait "toujours été exemplaire" jusqu'alors. "Le groupe WhatsApp n'est pas un groupe public", a-t-elle ajouté.
"Il y a des communautés qui n'aiment pas ce que je représente, le mâle blanc, et j'applique une forme de réciprocité", avait déclaré son client le 3 septembre à Evreux lors du procès en correctionnel de cinq policiers dans cette affaire.
Le parquet avait requis 1.000 euros d'amende contre cet homme considéré comme "l'idéologue" du groupe. Le tribunal correctionnel doit rendre sa décision le 5 novembre. 150 euros d'amende ont été requis contre le policier dont le rapporteur a demandé l'annulation de la révocation.