Sainte-Soline: les familles des deux manifestants gravement blessés portent plainte pour "tentative de meurtre"

Des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre autour d'une réserve d'eau contestée en construction à Sainte-Soline, le 25 mars 2023. - Thibaud MORITZ / AFP
La famille de Serge, manifestant toujours dans le coma et entre la vie et la mort depuis la manifestation de samedi à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), a porté plainte contre X pour "tentative de meurtre et entrave volontaire à l'arrivée des secours", indique le parquet de Rennes.
Ce manifestant de 32 ans, originaire de Toulouse, a été grièvement blessé à la tête lors des affrontements avec les gendarmes survenus autour du chantier d'une mégabassine à Sainte-Soline. Il souffre d'un traumatisme crânien. L'association "les Soulèvements de la Terre", dont la dissolution a été annoncée par Gerald Darmanin mardi, a partagé cette information dans la soirée de mardi.
Dans un communiqué des parents partagé par l'association, iils ont confirmé que Serge est "fiché S", a eu des problèmes judiciaires "comme la plupart des gens qui se battent contre l'ordre établi" et a participé à de nombreux rassemblements anticapitalistes.
"Il s'agit nullement d'actes délictueux qui saliraient notre fils mais ces actes sont au contraire tout à son honneur", expliquent les parents.
La famille du second manifestant, Mickaël, 34 ans, a aussi annoncé, ce mercredi midi, avoir déposé plainte pour "tentative de meurtre", "entrave aux secours" et "divulgation de fichiers secrets", selon les informations de BFMTV. Opéré du cerveau et touché à la gorge par un tir de LBD, il est toujours dans le coma même s'il n'est plus considéré comme étant entre la vie et la mort.
L'enquête transférée à Rennes
L'enquête sur ces faits a été transférée du parquet de Niort à celui de Rennes en raison de sa compétence militaire puisque c'est la gendarmerie qui était sur place, lors de la manifestation de samedi.
Selon les autorités et les organisateurs, ce manifestant était toujours entre la vie et la mort mardi. "Nous espérons qu'il pourra sortir du coma, que son état s'améliorera et qu'il ne souffrira pas de graves séquelles. Ses proches sont déterminés à témoigner et faire la lumière sur ce qui s'est passé", avaient indiqué ces derniers mardi dans un communiqué.
Selon eux, le manifestant a été grièvement blessé à la tête par une grenade lacrymogène tirée par les gendarmes. Avant de transférer le dossier à Rennes, le parquet de Niort avait indiqué mardi que les premières investigations "n'avaient pas permis de déterminer l'origine de la blessure".
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La prise en charge par les secours en question
Les conditions dans lesquelles cet homme a été pris en charge par les secours à Sainte-Soline, puis héliporté vers l'hôpital de Poitiers, alimentent une vive polémique depuis que des élus et des observateurs de la Ligue des droits de l'Homme, présents sur les lieux, ont dénoncé "plusieurs cas d'entraves par les forces de l'ordre à l'intervention des secours", en particulier sur une situation d'urgence vitale, celle du manifestant grièvement blessé à la tête.
Depuis samedi, les autorités expliquent le délai d'arrivée des secours par la nécessité de sécuriser les lieux, alors que des affrontements avaient repris selon elles entre manifestants et forces de l'ordre.
"Les secours (pompiers et SAMU) ont réalisé leur mission dans un contexte rendu très difficile pour plusieurs raisons", dont "la nécessité de garantir leur accès au plus proche des blessés, alors que les heurts n'avaient pas cessé, voire reprenaient", a écrit la préfète des Deux-Sèvres dans un rapport remis mardi au ministère de l'Intérieur.
Mardi soir, le journal Le Monde a révélé un enregistrement montrant que le SAMU n'a pas eu le droit d'intervenir à un moment de la manifestation, notamment par hélicoptère.