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Police-Justice

Une confrontation entre un journaliste infiltré et un policier mis en cause pour violences

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Trois ans après avoir fait état de violences contre des mineurs dans un livre, un journaliste infiltré dans la police est aujourd'hui confronté à l'un des policiers qu'il accuse de ces violences.

Quatre ans après son infiltration dans un commissariat parisien, un journaliste dénonçant des violences retrouve au tribunal de Paris ce jeudi après-midi, lors d'une confrontation, un fonctionnaire de police qui a été mis en examen en juillet.

Violences, insultes racistes et homophobes mais aussi manque de moyens, suicide et mal-être des troupes: dans le livre "Flic" (éd. Goutte d'or), paru en septembre 2020, le journaliste Valentin Gendrot racontait son infiltration mouvementée au sein de la police du nord-est de Paris.

Il expliquait avoir assisté à plusieurs "tabassages" et témoignait de pratiques "racistes" de la part de certains fonctionnaires, ce qui avait fini par aboutir à l'ouverture d'une information judiciaire.

Elle a principalement porté sur des accusations de violences policières en avril 2019 dans le 19e arrondissement, qui auraient été cachées à la justice par un procès-verbal d'interpellation mensonger.

Le mis en cause dénonce un livre "orienté"

Selon des documents consultés par l'AFP et Mediapart, Marc F., le gardien de la paix âgé de 35 ans mis en cause, a dénoncé devant les deux juges d'instruction le 11 juillet un livre "orienté", avec des "choses vraies" et d'autres "gonflées ou inventées".

S'il a contesté certains coups allégués par M. Gendrot, il a reconnu une "percussion", "la main ouverte", dans le commissariat du 19e arrondissement sur un mineur, un geste documenté par ses propres déclarations entendues dans un enregistrement clandestin fait par M. Gendrot à l'époque, où on l'entend parler d'une "patate" assénée avec "le poing droit".

Les deux juges l'ont donc mis en examen pour violences par personne dépositaire de l'autorité publique, un délit passible du tribunal correctionnel. Il est en revanche témoin assisté pour faux par personne dépositaire de l'autorité publique, infraction qui lui faisait risquer les assises.

"Oubli"

Interrogé sur le PV d'interpellation tronqué et sur certaines contradictions entre ses réponses et l'enregistrement fait par le journaliste au moment de la rédaction du document par un autre fonctionnaire, "Mano" a concédé qu'il "manquait des éléments" relatifs aux violences, l'expliquant par un "oubli" de sa part ou par les "épisodes manqués" par son collègue rédacteur. Son avocat n'a pas répondu à l'AFP.

"M. Gendrot se satisfait de savoir que la justice a tiré les premières conséquences" de son livre mais "regrette (...) que les faits de rédaction d'un faux en écriture publique, de nature criminelle, ne soient pas poursuivis à ce stade", a précisé à l'AFP son avocat, Me Romain Boulet.

Les violences sur le mineur ont donné lieu à une sanction administrative: trois jours avec sursis d'exclusion contre Marc F., des blâmes pour trois autres agents.

G.D. avec AFP