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"Une sorte de préjugé": des détenus refusent leur incarcération dans la prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil

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Plusieurs avocats de détenus jugés "dangereux" contestent l'incarcération de leurs clients dans la future prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais). C'est le cas de Me May Sarah Vogelhut, avocate au barreau de Paris, invitée ce lundi 21 juillet sur le plateau de RMC.

La prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, est prête. Filets anti-hélicoptère, hygiaphone, parloirs séparés entre les détenus et les visiteurs, cours sur surveillance, tout y sera prévu pour prévenir les évasions.

Le projet, porté par le garde des Sceaux Gérald Darmanin, sera "bien prêt le 31 juillet", a assuré ce dernier sur BFMTV et doit accueillir des détenus comme ceux affiliés à la DZ Mafia ou encore Mohamed Amra. Parmi les premiers détenus, certains refusent d'y être transférés et contestent leur venue dans cet établissement spécialisé dans les prisonniers qualifiés de "dangereux".

C'est le cas d'un des clients de Me May Sarah Vogelhut, avocate au barreau de Paris, invitée ce lundi 21 juillet sur le plateau de RMC. Ce dernier, considéré comme "dangereux" a déjà été placé en isolement et condamné à une lourde peine. Une condamnation pour laquelle ce dernier a fait appel. "De nouveau présumé innocent", rappelle sa défense.

Selon cette dernière, la promesse initiale selon laquelle la population de la prison de Vendin-le-Vieil ne serait que pour les détenus liés à des affaires de narcotrafic ne se confirme pas. "De ce que j'entends de mes confrères, il n'y a pas que des narcotrafiquants", explique l'avocate.

"Cette incarcération est un préjugé"

Concernant son client, dont l'identité n'est pas dévoilée, déjà détenu en isolement, la nouvelle prison dans laquelle il est bientôt transféré lui permettra une détention un peu plus "favorable". "Les détenus seront répartis en unité de quatre ou cinq personnes, il n'y aura plus de promenades seul et ils auront le droit à certaines activités, impossibles en isolement", explique Me May Sarah Vogelhut.

Mais cette nouvelle prison sera plus restrictive ("j'ai même envie de dire contraignant, violent et cruel") car les parloirs se feront par hygiaphone et les aux appels téléphoniques, alors illimités, seront restreints à quatre heures hebdomadaires. Quant aux Unités de Vie Familiale (qui donnent le droit à de l'intimité entre un détenu et un ou une conjointe), elles ne seront plus autorisées.

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C'est sur ce dernier point que Me May Sarah Vogelhut et son client ont été entendus ce samedi 19 juillet dernier lors d'un recours pour demander l'annulation de son transfert à Vendin-le-Vieil.

"Il est extrêmement cruel qu'un fils voit sa mère à travers un hygiaphone et qu'il ne puisse pas la prendre dans ses bras. Mon client est présumé innocent dans l'intégralité des procédures pour lesquelles il est mis en cause, le placement dans cette unité spécialisée dans le crime organisé, c'est finalement une sorte de préjugé", constate l'avocate.

Et d'ajouter, "le fait qu'il soit détenu dans cette maison d'arrêt lui sera fortement préjudiciable [lors d'un futur procès]". Selon Me May Sarah Vogelhut, de nombreux recours administratifs sont à venir pour contester la venue de détenus dans la prison de Vendin-le-Vieil.

Lilian Pouyaud