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Police-Justice

Vidéo intime de Benjamin Griveaux: trois ans après, le procès des diffuseurs débute

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C’est le procès d’un scandale politico-sexuel qui s’ouvre ce mercredi à Paris. Piotr Pavlenski et Alexandra de Taddeo sont jugés pour avoir diffusé une vidéo intime de l’ancien ministre Benjamin Griveaux.

L’affaire avait fait l’effet d’une bombe dans le monde politique. Le 14 février 2020, Benjamin Griveaux devait tenir une conférence de presse. Il était candidat à la mairie de Paris, on était à un mois du scrutin, il devait présenter son programme, mais à la surprise générale, d’une voix blanche, il annonce qu’il se retire de la course parce qu’il est victime d’attaques ignobles et ne veut pas exposer sa famille.

Très vite, on a compris de quoi il s’agissait: une vidéo à caractère sexuel avait été mise en ligne deux jours avant sur un site confidentiel, tout juste créé par un supposé artiste russe. La vidéo commençait à devenir virale. Benjamin Griveaux savait que le scandale allait éclater, il a donc pris les devants et a aussitôt porté plainte.

Piotr Pavlenski, artiste au parcours controversé

Le couple à l’origine de cette diffusion a aussitôt été arrêté. Dès le lendemain, arrestation spectaculaire en pleine rue et devant des paparazzis travaillant pour Paris Match. Il s’agit d’une étudiante en droit de 31 ans, Alexandra de Taddeo, c’est elle qui a reçu deux ans auparavant cette vidéo intime. Et de son compagnon, Piotr Pavlenski, un Russe de 36 ans, réfugié en France. Il se dit artiste et il est l’auteur d’actions d'éclat à caractère politique.

En Russie, il s’est cousu les lèvres pour soutenir les Pussy Riot, des militantes féministes. Il s’est également cloué les testicules sur la place Rouge, il s’est coupé un morceau d’oreille dans un hôpital psychiatrique, en hommage à Vincent van Gogh. Il a mis le feu à la porte de la Loubianka, le siège du KGB à Moscou, ce qui lui a valu un séjour de plusieurs mois en prison.

Et puis, finalement, il a été accusé d’agression sexuelle sur une jeune actrice. Se disant victime d’un complot, il a quitté la Russie et s’est réfugié en France où il a obtenu l’asile. En France, il poursuit ses “performances” politico-artistiques en incendiant la porte de la banque de France place de la Bastille à Paris, ce qui lui a encore valu un séjour de plusieurs mois en prison.

Comment ont-ils justifié la diffusion de la vidéo de Benjamin Griveaux?

Pendant l’instruction, Alexandra de Taddeo a affirmé n’avoir rien fait. Son compagnon lui aurait volé les images dans son téléphone et les aurait mises en ligne sans la prévenir. Une version qui la protège, mais qui n’a pas convaincu les juges puisqu’il sont tous les deux renvoyés devant le tribunal.

Piotr Pavlenski a lui d’abord expliqué que son geste était politique. Il n’aimait pas Emmanuel Macron, ni Benjamin Griveaux. Il considérait que Benjamin Griveaux était hypocrite puisqu’il mettait en avant sa vie de famille. Cette publication était donc faite pour nuire politiquement au candidat à la mairie de Paris.

Deux ans plus tard, ce n’est plus du tout ce qu’il dit. A l’audience ce mercredi, il va défendre un geste purement artistique et non plus politique. Il affirme que cette vidéo volée est devenue grâce à lui une œuvre. Et il en veut pour preuve que des collectionneurs en ont acquis des copies, qu’elle est présentée dans un musée en Serbie et dans une galerie d’art contemporain à Londres. Au procès, il va donc tenter de défendre la liberté artistique et la liberté d’expression.

En face, Richard Malka, l’avocat de Benjamin Griveaux, défendra lui que le "revenge porn" est un viol de la vie privé inacceptable. Et que ce viol ne peut en aucun cas être considéré comme un art.

Que sont devenus les protagonistes?

Benjamin Griveaux a définitivement quitté la vie politique et a monté une boîte de conseil. Il est toujours marié, sa femme est une brillante avocate.

Alexandra de Taddeo et Piotr Pavlenski vivent toujours ensemble. Elle est toujours étudiante à 33 ans. Elle a abandonné le droit pour s'orienter sur l’histoire de l’art. Quant à lui, il tente de vivre de son art. Mais il se plaint de ne recevoir aucune subvention du ministère de la Culture.

Nicolas Poincaré (édité par J.A.)