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Violences dans les manifestations: "On prend sur soi, ça devient difficile", témoigne un CRS

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Des nuits très courtes, une violence plus présente, un mouvement qui dure... Les forces de l'ordre sont de plus en plus fatiguées face à la mobilisation contre la réforme des retraites. Jessy Castane, brigadier-chef CRS de l'Yonne déployé à Paris et délégué syndical UNSA Police, a accepté de témoigner pour RMC.

Cela fait une semaine que chaque soir, des mobilisations non-déclarées ont lieu à Paris, après le déclenchement jeudi dernier de l'article 49 alinéa 3 pour faire adopter la réforme des retraites. Ce jeudi 23 mars, une nouvelle journée de grève et de manifestations a lieu, à l'appel de l'intersyndicale.

Face à cette situation, les forces de l'ordre sont de plus en plus éprouvées. Jessy Castane, brigadier-chef CRS de l'Yonne déployé à Paris et délégué syndical UNSA Police, a accepté de témoigner pour RMC.

Lundi, il a fait partie de ceux qui ont sécurisé les abords des Invalides. Mardi, il était sur la place de la République... Chaque jour, jusqu'au coeur de la nuit, il est sur le terrain.

"Des amplitudes de travail qui varient de 17h à 20h"

"La fatigue se fait ressentir, car quand vous ne dormez que 4 ou 5h par jour et que vous faites des amplitudes de travail qui varient de 17h à 20h, ça joue quand même sur la condition physique", explique-t-il.

Il y a une semaine, il y a eu un point de bascule. "Là, depuis l'annonce du 49.3, on est montés crescendo dans la violence. Ça n'est pas du tout le même type de population. Face à nous, on a des mineurs, beaucoup de jeunes, et c'est assez difficile de pratiquer le maintien de l'ordre vis-à-vis de ces jeunes-là", ajoute Jessy Castane.

Visés à longueur de journée par des insultes, ses collègues ont reçu des projectiles, mais moins que face aux gilets jaunes.

Les témoignages de violences policières se multiplient

Alors que la tension monte de jour en jour et que les témoignages de violences policières se multiplient, il reconnaît que la confusion règne parfois. "On prend sur soi, on essaye d'analyser, maintenant c'est vrai que ça devient difficile", admet-il.

Cette stratégie d'usure pourrait d'ailleurs poser problème sur la durée. "Dans les rangs, ça tient bon, pour le moment. Maintenant, il va falloir que le moral tienne, parce qu'on est la dernière barricade. Donc si demain on venait à céder, on tomberait dans une anarchie totale", conclut-il.

Nicolas Traino (édité par AB)