Violences: "Une nuit terrible" et un "enchaînement inquiétant" qui rappelle les émeutes de 2005

Des violences urbaines ont de nouveau éclaté dans la nuit de mercredi à jeudi, après la mort de Nahël, 17 ans, tué par un policier après un refus d'obtempérer mardi à Nanterre. Dans plusieurs villes de France, la nuit a été tendue et longue pour les effectifs de police.
Dans "Charles Matin" sur RMC et RMC Story, Grégory Joron, secrétaire général du syndicat Unité SGP Police-FO, raconte "une nuit terrible". "Mes collègues ont traversé une nuit terrible notamment sur la plaque francilienne", assure-t-il évoquant "énormément de magasins pillés, de mairies et de commissariats attaqués" en Seine-Saint-Denis (93), dans le Val-de-Marne (94), dans les Hauts-de-Seine (92) et dans l'Essonne (91) et plus généralement des violences urbaines dans tous les départements d'Île-de-France.
"On ne peut pas faire face à ce genre de violences"
"Ça a été une nuit extrêmement difficile avec beaucoup d'engagement, énormément de dégâts et quelques blessés parmi les forces de l'ordre et les pompiers", indique Grégory Joron.
Pour le syndicaliste, policiers et gendarmes n'ont pas les moyens de lutter: "On ne peut pas faire face à ce genre de violences. On a des groupes très mobiles qui attaquent les pompiers et les policiers dès qu'ils mettent pied à terre, à coups de mortiers et de manière extrêmement nourrie", explique le fonctionnaire.
Il assure que consigne a été donnée aux policiers d'éviter les affrontements: "Ça peut s'entendre mais le matin, on mesure les dégâts et on se dit que la nuit a été très éprouvante", déplore Grégory Joron.
Le souvenir des émeutes de 2005
Cette vague de violences urbaines "rappelle les émeutes de 2005", note le syndicaliste, déjà sur le terrain à l'époque alors que des commissariats ont été attaqués. "C'est un enchaînement inquiétant qui préoccupe tout le monde", alors qu'à l'époque, les émeutes avaient duré plusieurs semaines, après la mort de deux jeunes poursuivis par des policiers à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).
Côté politique, des syndicats policiers dont celui de Grégory Joron regrettent les propos du président de la République Emmanuel Macron qui a jugé "inexplicable" et "inexcusable", la mort de Nahël: "Quand on représente l'Etat et qu'on en appelle à ce que la justice fasse son travail, et au calme, on ne peut que donner une couleur au dossier, alors que notre collègue est encore en garde à vue justement pour les besoins de l'enquête", déplore le policier qui évoque des policiers "dégoûtés", qui se sentent "lâchés".
"Le sentiment, c'est du dégoût, de la colère, et peut-être un moment donné le sentiment de se dire 'on ne va plus rien faire, ça sera beaucoup mieux'", conclut Grégory Joron.