RMC

1er mai: le RN veut aller au Havre, où il n'est pas vraiment le bienvenu

Le parti de Marine Le Pen a prévu de célébrer le 1er mai au Havre. Une ville ouvrière dirigée par l'ancien Premier ministre, Édouard Philippe, où le RN ne devrait pas être bien reçu. Certains syndicats envisagent des actions.

Le RN a prévu de célébrer son traditionnel 1er mai au Havre. Mais il risque de ne pas être très bien accueilli. Les syndicats locaux sont déjà en train de réfléchir à une grosse action en riposte à la venue de Marine Le Pen et de son parti le jour de la Fête du travail, dans cette ville à la tradition ouvrière encore très forte.

“On va se mobiliser car la venue d’un parti fasciste chez nous fait beaucoup réagir dans nos rangs”, nous confie un responsable de la CGT. Certains militants politiques proches de La France insoumise pourraient même être tentés “de mettre le bordel”. “C’est encore une opération de com et du buzz”, dénonce le député communiste du Havre Jean-Paul Lecoq.

“Marine Le Pen ne vient pas pour défendre les travailleurs. Elle se croit déjà au second tour de la présidentielle face à Édouard Philippe”, analyse ce même parlementaire qui assure que “rien ne viendra gâcher un 1er mai au Havre". "On continuera à vendre du muguet et peut-être même encore plus cette année comme un acte anti-Front national”, appuie-t-il.

Du côté de la mairie du Havre, “aucun commentaire”, fait savoir l’équipe d’Édouard Philippe, pas très à l’aise avec cette invitée surprise. “Il ne faudrait pas lui faire de la publicité”, explique un proche de l’ancien Premier ministre, qui voit quand même dans la venue de la présidente du RN “la reconnaissance du travail d'un homme d’Etat qui prépare l'avenir et qui gêne les plans de Jordan Bardella et Marine Le Pen pour 2027”.

Encore et toujours la normalisation, sans Jeanne d'Arc

Du côté du RN, on jure bien sûr que non, "on n'y va pas pour installer le duel". "Nous avons ciblé Le Havre, car c’est une ville ouvrière où nous avons beaucoup progressé. Édouard Philippe, c’est juste le petit truc en plus”.

C’est aussi une façon pour Marine Le Pen de poursuivre la normalisation et de rompre avec la tradition de Jeanne d’Arc. Si personne ne l’avoue vraiment au sein de la formation politique, l’idée est bien d’en finir définitivement avec le rassemblement au pied de la statue parisienne.

Il faut dire que cela fait déjà plusieurs années que le FN, aujourd’hui RN, a bouleversé ses traditions. Plus de défilé avec des franges de l’ultra-droite, ni de Jean-Marie Le Pen depuis 2015, pour la fille du fondateur du Front national. Plus de dépôt de gerbe devant la statue de la place des Pyramides depuis 2021 pour Marine Le Pen. Plus récemment, en pleine présidentielle, l’an dernier, c’était Jordan Bardella et non la candidate qui avait commémoré la Pucelle sur une place moins politiquement marquée.

Jérémy Trottin