Comment le Rassemblement national commence déjà à préparer la présidentielle 2027
Nous sommes en février 2023, et pourtant, en coulisses, au Rassemblement National, tout le monde n'a qu'une date en tête, 2027. Chaque échéance électorale est pensée comme une étape pour que Marine Le Pen remporte la prochaine présidentielle dans quatre ans.
"Les fourmis bossent" lance une députée RN. Premier étage de la fourmilière, les sénatoriales cette année. Le RN n'a pas de grandes ambitions, avec potentiellement trois sénateurs élus. Mais l'essentiel est ailleurs: travailler le réseau des élus locaux et se faciliter la tâche au moment des parrainages pour l'élection présidentielle.
Deuxième étape, les Européennes en 2024, pour faire émerger des personnalités, notamment issues de la société civile. Des chevilles ouvrières qui pourront compter en 2027.
Et puis, le RN s'attelle même aux municipales. C'est dans trois ans, mais le parti cherche déjà ses candidats. L’objectif est déjà défini: présenter des listes dans toutes les villes moyennes, ce qui n'était pas le cas en 2020. Ils veulent surtout améliorer les scores dans les métropoles, grosse lacune du parti mariniste jusqu'ici. Le RN avait même renoncé à présenter une tête de liste à Paris en 2020.
"On ne peut pas remporter la présidentielle en faisant 3% dans les grandes villes" admet une élue. Une députée résume: "Il n'y a pas un jour où on ne se lève pas pour gagner 2027".
Discrétion à l'Assemblée
Cette stratégie présidentielle se joue aussi à l'Assemblée. Depuis le début des débats sur les retraites, le RN évite tout débordement dans l'hémicycle, quitte à rester en retrait. "Ils sont habiles, ils font tomber le plafond de la respectabilité" s'inquiète une écologiste.
Et le RN compte bien utiliser ses 88 députés à l’Assemblée pour travailler tous les sujets, et solidifier le programme présidentiel d'ici 2027. “Il y a encore du boulot, grince un ministre. La moitié du travail parlementaire du RN sur les retraites n’est pas recevable, c’est indigent."
Une autre ministre reste tout de même méfiante: "Dans leur casting, il n'y a pas que des champions. Mais je n’oublie pas qu’en 2017, nous n’étions pas tous des champions".