Affaire Bétharram: ce qui attend François Bayrou lors de son audition cruciale à l'Assemblée

Une audition attendue, sous serment et sous tension. Le Premier ministre François Bayrou est entendu, mercredi à 17 heures, par la commission d'enquête parlementaire chargée de l'affaire Bétharram.
François Bayrou sera entendu par les députés qui enquêtent sur les violences physiques et sexuelles commises en milieu scolaire, notamment au sein de l'établissement privé catholique de Notre-Dame-de-Bétharram. Cet école privée sous contrat des Pyrénées-Atlantiques est visée par 200 plaintes d'anciens élèves. Des religieux et des personnels sont accusés de viols, d'agressions sexuelles et de violences physiques.
Cette audition est l'occasion pour François Bayrou de répondre aux accusations de mensonge qui le visent. Certaines personnes lui reprochent d'avoir été au courant et d'avoir fermé les yeux alors qu'il était ministre de l'Éducation nationale au moment des faits. Il était également président du conseil général du département.
Les députés de la commission d'enquête affirment que François Bayrou aurait été alerté et n'aurait pas agi. Ce dernier récuse ces accusations et affirme n'avoir jamais été informé de violences sexuelles. Il dénonce des attaques politiques et assure avoir toujours fait ce qu'il fallait au vu des éléments dont il disposait.
Bayrou poussé dans ses retranchements
Le Premier ministre doit apporter des clarifications face aux membres de la commission d'enquête. Cette dernière a des pouvoirs garantis par la loi. Elle peut entendre sous serment, demander des pièces, confronter les versions. Les personnes qui mentent à la commission s'exposent à des sanctions pénales. Ce délit est passible de 5 ans de prison et 75.000 € d’amende. François Bayrou sait qu'il sera poussé dans ses retranchements. Il a préparé cette audition avec minutie, a vérifié chaque date, chaque document et chaque souvenir.
Le co-rapporteur de la commission, Paul Vannier, député LFI, promet "un moment de vérité". Il affirme que le ministre Bayrou était informé dès 1996 pour les violences physiques et dès 1998 pour les violences sexuelles.
François Bayrou est accusé de plusieurs mensonges Ses déclarations ont été plusieurs fois contredites. Il a assuré n'avoir "jamais été informé de violences, et encore moins de violences sexuelles" à Bétharram. Mais un ancien juge affirme l'avoir reçu en 1998 pour évoquer une accusation de viol. Le Premier ministre a d'abord nié cette rencontre, avant de la reconnaître, en expliquant qu’il s’agissait d’une simple visite entre voisins.
Son nom revient souvent dans les témoignages
Autre contradiction, François Bayrou a nié toute intervention. Or, un gendarme déclare qu'en mai 1998, la présentation d'un prêtre de Bétharram au juge a été reportée sur intervention du procureur, lui-même saisi par François Bayrou. Ce dernier aurait demandé à consulter le dossier. Le Premier ministre assure ne pas connaître ce prêtre, le père Carricart. Pourtant, son épouse a assisté à ses funérailles.
Une enseignante comme un ancien élève affirment aussi avoir alerté François Bayrou, qui répond avoir demandé une inspection en 1996. Ce qui est vrai, mais l'auteur du rapport parle aujourd'hui d'un travail "bâclé", réalisé en un week-end.
Cette affaire Bétharram est aussi devenue une affaire Bayrou ces dernières semaines Son nom revient à de nombreuses reprises dans les témoignages. Plusieurs de ses enfants y ont été scolarisés et son épouse y a enseigné le catéchisme. Sa fille Hélène Perlant, raconte, dans un livre, les violences qu'elle a subies à 14 ans, dont elle n'avait jamais parlé à son père. François Bayrou se retrouve sous pression.