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Cécile Duflot: "Sur la dette, il y a un problème, mais ce n'est pas la cata', il faut relativiser"

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C'est notre nouveau rendez-vous du lundi au jeudi, "Voix de gauche / Voix de droite". Cécile Duflot ce mardi 26 août, nous parle du piège qui s'est refermé autour de François Bayrou. Selon elle, l'alarme tirée par le Premier ministre n'a pas eu l'effet escompté.

François Bayrou s'est mis dans un piège tout seul en disant que la France courrait à l'accident et qu’il n’avait pas le choix. Mais c’est trop et ça ne marche plus. Nous sommes dans un monde qui est monde saturé d’alertes, de sirènes, de chantage et de grands mots. Et tout le monde est fatigué. Et puis il y a une contradiction: si c’est si grave, est-ce que l’urgence, c’est de tout mettre sur sa personne et de demander un vote de confiance?

Depuis un an, il y a un problème de base, c’est que ce gouvernement n’a pas tenu compte du résultat des élections législatives. Il n’y a pas de majorité, mais surtout, ceux qui étaient arrivés en tête, c’était le NFP avec une critique de la politique menée. Et donc quand on ne prend pas en compte cette critique, et qu’on essaye de continuer comme avant, on se retrouve face au mur.

Un manque de modestie?

François Bayrou assure qu’on n’a pas le choix. Mais une fameuse expression dit: la politique, c’est choisir. Et c’est assumer ses choix. Par exemple, il y a un choix qu’il ne veut pas faire. Un débat a eu lieu autour de la taxe Zucman, c’est-à-dire ce plancher minimal que doivent payer les ultra-riches en France. C’est entre 20 et 26 milliards d’euros, c’est considérable. Mais quand il dit ça, je n’en veux pas, la porte est fermée, parce que c’est ça qui a été dit, ça veut dire qu’il choisit.

Voix de gauche / Voix de droite : Confiance, François Bayrou avait-il le choix ? - 26/08
Voix de gauche / Voix de droite : Confiance, François Bayrou avait-il le choix ? - 26/08
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La dette ? "Pas une fatalité, c'est un choix"

Je suis d’accord pour dire que sur la question de la dette il y a un problème mais ce n’est pas la cata, il faut relativiser. La dette, c’est un problème financier qui se règle avec des décisions financières. Ce n’est pas une fatalité, c’est un choix. Et pour le coup sur ces 3.000 milliards, il y en a 1.000 qui sont le résultat de la politique qui a été menée depuis 8 ans.

Donc, des fois en politique, on pourrait se montrer un peu modeste et reconnaître qu’on s’y est mal pris et qu’il faut corriger des choses. Là, il dit, on fait tout bien, nous, on sait, c’est grave et si vous ne me faites pas confiance, alors vous emmenez la France vers la catastrophe. Ce chantage-là ne peut pas marcher.

Sans majorité, l'obligation de dialoguer

Je pense même que ce chantage fait du mal à la politique et c’est étonnant de la part de François Bayrou parce que c’est quand même un homme qui a toujours défendu la proportionnelle, la pondération, le fait qu’on puisse dialoguer.

Quand on a un Parlement qui n’a pas de majorité, il faut mettre les gens autour de la table. Cela fait deux élections de suite que les Français mettent une absence de majorité à l’Assemblée. Je pense que ça veut peut-être dire parlez vous, et ils ont raison. Quand on a une situation qui est grave, il faut se serrer les coudes et faire ensemble. Or, la situation est grave sur la dette, sur la situation écologique, sur l’aggravation des inégalités.

Mais il y a le facteur humain et il se trouve que parfois, on peut être vexé et c’est peut-être le cas de François Bayrou actuellement.

Cécile Duflot