Conclave des retraites: des syndicats et un patronat encore divisés avant l'ultime période de négociations

C'est la dernière ligne droite. Après deux semaines de pause, le conclave sur les retraites reprend ce jeudi avec une nouvelle réunion programmée en début d'après-midi. Retour aux 62 ans, pénibilité, carrière des femmes, capitalisation... La CFDT, la CFE-CGC, la CFTC, le Medef et la CPME doivent se mettre d'accord.
Pour l'instant, les patrons du Medef n'ont exprimé aucune ouverture face aux demandes des syndicats de salariés, qui veulent notamment obtenir des possibilités de partir plus tôt pour les femmes avec enfants ou pour les personnes ayant travaillé dans des conditions pénibles ou usantes.
Des divergences persistantes
Au cours de cette réunion, les syndicats attendent du Medef qu'il abatte ses cartes. 6,5 milliards d'euros doivent être trouvés pour résorber le déficit, tout comme des moyens pour améliorer la réforme de 2023.
Les syndicats encore présents au sein du conclave semblent d'accord avec le patronat pour faire contribuer les retraités, à conditions que ces derniers ne soient pas les seuls à faire un effort.
"Pour retrouver l'équilibre des finances des retraites, c'est un effort partagé. C'est-à-dire entre les salariés, les retraités, mais aussi les employeurs", avance Christelle Thieffinne, cheffe de file de la CFE-CGC au micro de RMC.
Pourtant, les représentants des employeurs, le Medef et la CPME, refusent d'augmenter les cotisations payées par les entreprises.
Pascale Coton, négociatrice de la CFTC, le regrette. Elle a régulièrement demandé cette hausse des cotisations. "A chaque fois, c'est non, car on risque de faire péricliter des entreprises, etc. Alors que ça se joue à pas beaucoup en termes d'argent. Il ne faut pas qu'ils nous racontent n'importe quoi", indique-t-elle.
Un système en danger ?
Après cette réunion, trois autres sont prévues les 11, 12 et 17 juin. L'accord qui sera issu des négociations sera repris dans un texte de loi, ensuite soumis au Parlement. Il reste donc moins de deux semaines aux syndicats et au patronat pour s'accorder.
Interrogé dans Apolline Matin, l'économiste, enseignant et chercheur Michael Zemmour affirme que le conclave "n'a pas été organisé pour qu'il aboutisse à quelque chose".
Il évoque notamment le Premier ministre qui n'a pas gelé la reforme de 2023 au cours de ces discussions et aurait "gagné du temps pour lui et pour cette réforme" qui continue de s'appliquer.
Le spécialiste estime d'ailleurs que prétendre que le système de retraite doit être sauvé n'est pas une bonne approche. "Je pense qu'il faut le piloter. Cette dramatisation n'est pas bonne, car elle empêche de voir les vrais enjeux", avance-t-il.
Et de poursuivre: "Le système de retraite, en lui-même, n'est pas en danger. Les comptes ne sont pas équilibrés, mais personne ne s'inquiète du système. La question est toujours la même: comment on fait les ajustements ?".
Il fait également le constat que cotiser davantage n'est pas une option généralement appréciée par les salariés, mais que leur principale inquiétude reste l'âge de départ à la retraite.