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"Copinage", "consternant": les oppositions outrées par la proposition de Ferrand au Conseil constitutionnel

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La proposition d'Emmanuel Macron de nommer Richard Ferrand comme président du Conseil constitutionnel ne passe pas ni à gauche ni à droite. Plusieurs voix dénoncent le copinage dans cette proposition et l'inexpérience de ce fidèle du président de la République.

Conseil constitutionnel cherche président pour remplacer Laurent Fabius dont le mandat arrive à son terme. Et le président de la République compte bien y placer son poulain. Emmanuel Macron a officiellement proposé le nom de Richard Ferrand pour devenir président du Conseil constitutionnel.

Une récompense pour ce membre de sa garde rapprochée et macroniste de la première heure en étant le premier parlementaire à rejoindre En Marche. Dans la foulée, il en est devenu le secrétaire général en 2016, avant de prendre la tête du groupe LREM à l'Assemblée nationale, puis de devenir président de cette Assemblée.

"Ça sent le renvoi d'ascenseur"

Richard Ferrand doit désormais passer l'épreuve des auditions parlementaires. Les commissions des Lois de l'Assemblée et du Sénat peuvent retoquer cette nomination si 3/5e des Parlementaires s'expriment contre.

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C'est ce que compte bien faire le député LFI de Haute-Garonne Hadrien Clouet: "Il n'est pas normal qu'on essaie de nommer dans un Conseil constitutionnel un homme avec aussi peu de sens moral et de connaissance juridique que Richard Ferrand. Que fera-t-il? il vérifiera si les lois votées à l'Assemblée sont macronistes et quand ça ne le sera pas, il dira que ça ne correspond pas à la constitution"

"Je n'ai aucune confiance en ce monsieur, c'est très inquiétant ça sent plus le renvoi d'ascenseur que la démocratie réelle", poursuit le député insoumis.

La droite dénonce aussi "du copinage malsain"

Même son de cloche pour Jean-Jacques Urvoas, ancien ministre de la Justice sous François Hollande et professeur de droit public: "Je trouve ça consternant. Le métier du Conseil constitutionnel c'est de juger et pour juger, il faut faire appel à des juges", estime-t-il. "Si Richard Ferrand est confirmé à la tête du Conseil constitutionnel, il rencontrera son homologue portugais qui est un magistrat, son homologue belge qui est avocat et ça ne sera pas au profit de la France".

"Quand il présidait l'Assemblée nationale, je ne l'ai pas vu se caractériser par une indépendance d'esprit particulière", poursuit l'ancien garde des Sceaux.

À droite aussi la proposition de Richard Ferrand pour prendre la tête du Conseil constitutionnel fait bondir: "C'est du copinage malsain", dénonce le député LR d'Eure-et-Loir Olivier Marleix.

D'autres candidats

Richard Ferrand devra donc affronter tous ces parlementaires lors de son passage devant la Commission des lois en espérant que moins de 3/5 se prononcent contre sa nomination: "Ce serait dans l'intérêt du Conseil constitutionnel", insiste Jean-Jacques Urvoas qui note que les 3 membres du Conseil constitutionnel proposé par Macron, Jacques Mézard en 2019, Jacqueline Gourault en 2022 et Richard Ferrand donc, sont tous d'anciens ministres. "C'est une mauvaise tradition, j'espère que les parlementaires l'empêcheront", conclut-il.

Réponse le 19 février devant les Commission des lois du Sénat et de l'Assemblée nationale. Richard Ferrand devra notamment affronter les candidats des présidents des deux chambres Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher qui ont proposé respectivement les noms de l'ex-députée MoDem et ancienne magistrate Laurence Vichnievsky et du sénateur LR Philippe Bas.

Guillaume Dussourt avec Martin Bourdin