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Défense: "La dissuasion nucléaire n'empêche pas tout"

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Les offensives de Donald Trump "nous obligent à nous prendre un peu en main", estime ce vendredi sur RMC le vice-amiral d'escadre Pascal Ausseur. Face au regain des tensions géopolitiques, ce dernier plaide ainsi pour une augmentation des dépenses militaires. "La dissuasion nucléaire n'empêche pas tout", selon lui.

"La menace est partout. On vit une période de fracturation." Face à l'augmentation des conflits dans le monde, Pascal Ausseur, vice-amiral d'escadre et ancien préfet maritime, évoque ce vendredi sur RMC une "nouvelle ère où ça se fracture de partout et les tensions reviennent." "On a vraiment l'impression qu'on est arrivé à une rupture", ajoute sur le plateau des Grandes Gueules l'ancien préfet maritime.

Selon Pascal Ausseur, on observe depuis la Seconde Guerre mondiale un désarmement continu de la France. "Ce n'est pas nécessairement idiot, mais là on est pris à revers, on voit que les autres ont réarmé avant nous. On est un peu en retard", s'inquiète-t-il. "Aujourd'hui on est dans un monde vraiment imprévisible. Il y a 40 ans on était entré dans une routine. C'était une espèce de continuité."

Des dépenses insuffisantes

Le vice-amiral d'Escadre estime que la Russie, la Chine, les États-Unis et le Moyen-Orient "ont senti, avant nous Français et Européens, que ça se durcissait". La France se classe 8e au classement des pays aux dépenses militaires les plus élevées en 2024, derrière également l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Inde et l'Arabie saoudite.

Mais une fois ces dépenses ramenées au pourcentage du PIB, la France se classe 8e au sein de l'Union européenne, selon l'association indépendante d'analyse des finances publiques FIPECO, et bien plus loin à l'échelle internationale. Pour Pascal Ausseur, "il faut remonter" les dépenses militaires, mais cela reste "compliqué parce que c'est beaucoup d'argent, qu'on n'a plus et qu'on met ailleurs".

Pascal Ausseur face aux GG - 04/04
Pascal Ausseur face aux GG - 04/04
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Les offensives de Donald Trump, "plus brutal" que les anciens présidents américains, "nous réveille" et ont "un effet positif parce que ça nous oblige à nous prendre un peu en main", analyse le vice-amiral. Après les changements de position des États-Unis décidés par leur président sur l'Ukraine, Emmanuel Macron avait annoncé, mercredi 5 mars, "des réformes, des choix" à venir pour renforcer la défense de l'Europe.

L'Europe possède des "atouts considérables"

Pour se protéger, la France peut s'appuyer sur la possession de l'arme atomique. Pour rappel, huit autres pays la possèdent aussi, parmi eux, la Russie, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Chine, le Pakistan, l'Inde, la Corée du Nord et Israël.

"La disuasion nucléaire est extrêmement importante. Ça empêche une énorme catastrophe, mais ça n'empêche pas tout", prévient Pascal Ausseur.

"C'est un parapluie, la bombe atomique, qui évite la grosse catastrophe, mais pas les petites", ajoute ce dernier, qui se veut tout de même positif. L'ancien préfet maritime rappelle notamment que la France est l'un des seuls pays en Europe "qui a gardé l'industrie d'armement".

Selon le militaire, aux 40 ans d'expérience, "on est une région du monde riche, bien éduquée, forte et qui a un vrai savoir-faire". Ce qui représente des "atouts considérables" et "un potentiel phénoménal."

Tanguy Roman Clavelloux